"Je veux tes vêtements, tes bottes ... et ta peau."

Après une bande annonce intrigante "Under the Skin" est clairement ce qu'il suggérait être, c'est à dire un OVNI, une véritable expérience de cinéma, et je dois dire que ça fait un bien fou par les temps qui courent. L'atmosphère se pose dès les premières minutes, portée par un esthétisme froid et une bande son envoûtante, le genre de film intimiste avec un sens du minimalisme puissant comme j'aime, la "force tranquille" du cinoche en quelque sorte.

L'histoire c'est donc un duo d'aliens qui a pour mission de dénicher des proies humaines pour leur voler leur peau, un à l'apparence d'une jeune femme très séduisante pour attirer plus facilement leurs victimes et l'autre grimé en motard efface les preuves derrière elle. Seulement un soir la prédatrice va décider d'abandonner son binôme pour se rapprocher des humains et de leur milieu naturel.
Scarlett Johansson campe le rôle de cette "mangeuse d'hommes" glaçante, elle y est d'ailleurs convaincante, le rapport de son personnage à l'environnement est très intéressant et évolutif, la monotonie de sa mission ne lui suffit plus, elle veut clairement s'adapter et comprendre la nature humaine, la ressentir ...
Visuellement on a droit à des scènes d'une rare beauté comme ce piège du "sable mouvant" noir d'un esthétisme épuré magnifique, j'ai vraiment adoré cette idée d'antre, cette sorte de toile d'araignée gluante, l'univers de ce film est vraiment à part et je dirais même très singulier, beaucoup vont le comparer à du Lynch mais ça serait limite caricatural, pour moi il n'y a aucun rapport, ou alors vraiment à la limite on peut y voir un côté "Valhalla Rising" de Refn.
Le rythme est certainement un des seuls points faibles du film, comme son aspect répétitif dans la première demi heure mais le tout est sauvé également par une très bonne réalisation de Jonathan Glazer (réalisateur anglais notamment connu pour ses clips de Jamiroquai ("Virtual Insanaty") ou Radiohead ("Karma Police")) avec notamment quelques travellings sympathiques.
Une des particularités de la mise en scène c'est que certaines séquences on été tournées en caméra cachée dans la rue en Écosse, comme lorsque le personnage de Johansson demande son chemin à des passants ou lorsqu'elle chute au milieu des piétons qui ne la reconnaîtrons même pas en brune, Glazer voulait retranscrire un côté "film témoin" selon ces dires, en tout cas ça rajoute un degré d'originalité intéressant.
La dernière partie du long métrage est d'avantage contemplatif, les paysages sont mis en valeur, on a volontairement l'opposition nature/urbain par rapport à la première partie, renforçant cette idée de quête de pureté. Le final quant à lui m'a vraiment enthousiasmé, j'ai été bluffé encore une fois par l'esthétisme et la qualité de l'écriture et de la mise en scène.

"Under the Skin" est à mon sens une des grandes réussites cinématographiques de 2014, un véritable OVNI avec un parti pris complètement assumé de par le choix de l'univers et de l'atmosphère, Glazer a su prendre des risques tout comme Scarlett Johansson qui m'a réconcilié avec elle même (d'ailleurs belle année pour elle après "Her"), une expérience sombre, envoûtante et vivifiante.

Créée

le 28 juin 2014

Critique lue 432 fois

17 j'aime

JimBo Lebowski

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