Underworld orchestre pour notre plus grand plaisir la rencontre de deux monstres sacrés du cinéma fantastique, le vampire et le loup-garou, pour une guerre clanique qui s’avère aujourd’hui indissociablement mêlée dans la culture populaire (voir à ce titre les récents volets de la saga Twilight). Le film vaut, en réalité, davantage pour ses atmosphère poisseuses et oppressantes que pour sa réflexion sur les mythes qu’il investit, réflexion non pas absente mais noyée sous un déluge d’effets visuels assez encombrants. L’influence de Matrix se ressent et donne naissance à une œuvre dotée d’une forte personnalité, sans temps morts, mais au rythme artificiellement gonflé par le recours abusif aux flashbacks, pas toujours du meilleur goût. En revanche, la qualité du bestiaire est indéniable : voici venir le vampire dans le confort figé de son château, le loup-garou brutal du fond des égouts, un hybride au physique à la fois repoussant et intriguant. Nous voguons sur les eaux troubles d’une relecture underground du conte La Belle et la Bête. Radical dans sa démarche et efficace, le film de Len Wiseman souffre néanmoins de cette tendance à nier la spontanéité du geste artistique pour le redoubler par l’artifice engendré sur ordinateurs. Pari technique, certes, mais choix qui va à l’opposé de l’affrontement à coups de dents et de griffes ici mis en scène.