Une intime conviction n’était pas un film que j’attendais particulièrement. Je suis allé le voir sans savoir à quoi m’attendre, sans même en savoir grand-chose sur le pitch hormis que cela tournait autour d’une histoire de procès.
Pendant un peu moins de 2 heures, nous allons suivre le second procès de Jacques Viguier, accusé d’avoir tué sa femme, et comment Nora, qui a assisté au premier procès, va convaincre Éric Dupond-Moretti de le défendre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette histoire est passionnante sous plusieurs aspects.
L’affaire en tant que telle est basée sur des faits réels. Le réalisateur Antoine Raimbault a choisi la carte de l’authenticité de ce point de vue car tout ce qui a été dit dans Une intime conviction (lors du procès ou dans les écoutes) a été dit dans la réalité. Cela vient renforcer le propos du film dans son questionnement sur la justice et sur la notion de doute, que l’on peut retrouver dans le classique 12 Hommes en colère. Cette affaire de disparition avec ses indices et ses retournements est assez captivante pour maintenir le suspense jusqu’à la fin (en tout cas pour moi qui n’en avait pas connaissance avant de découvrir le film).
Au-delà de cette affaire, il y a l’histoire de Nora, qui est un personnage fictionnel même s’il est inspiré d’Antoine Raimbault lui-même (il a convaincu Me Dupont-Moretti de défendre Jacques Viguier lors de son second procès. Ce procès va devenir une obsession pour Nora et va prendre le pas sur les autres pans de sa vie. Cette obsession nous allons la lire dans les traits et les yeux de Marina Foïs, habitée par son personnage. Elle livre une interprétation pleine de maîtrise et de justesse à l’instar d’un Olivier Gourmet formidable en Éric Dupond-Moretti.
La réalisation est assez classique même si nous pouvons noter quelques séquences intéressantes avec un montage rapide alternant entre la vie privée de Nora, son travail, ses recherches et le procès, montrant à quel point elle s’est retrouvée surmenée et tourmentée lors de cette période. Le principe des écoutes très présentes dans la bande-son nous maintient dans l’affaire et nous place du point de vue de Nora, qui est hantée par celles-ci et les conséquences qu’elles pourraient avoir sur le procès.
J’ai peut-être quelques réserves, notamment sur des pistes qui sont lancées mais que le film n’explorera pas davantage par la suite, mais globalement, Une intime conviction est pour moi un film bien ficelé avec des propos intéressants sur la justice, la présomption d’innocence et les jugements médiatiques, notamment avec excellent discours de fin de Dupond-Moretti.
Quel plaisir de voir que le cinéma français est capable de nous gâter comme il le fait ces derniers temps.