Une merveille histoire de temps, qui est une merveilleuse traduction de The Theory of Everything, nous retrace une grande partie de la vie du célèbre physicien Stephen Hawking, et plus particulièrement sa vie amoureuse avec sa femme Jane Wild. Entre amour, théorie du Big Bang et maladie, ce film est une succession de paris plus ou moins risqué. Les a-t-il relevé ? Eh bien oui, en grande partie. Mérite-t-il alors plusieurs Oscars ? A mon sens, non.

Commençons par la musique de Jóhann Jóhannsson. C'est une belle partition que nous livre le compositeur, principalement à base de violons, piano, et, dans certains passages, guitare acoustique. Les thèmes s'accordent bien avec les différentes scènes : un rythme assez rapide de violon et une mélodie au piano plutôt heureuse nous montre l'état de joie dans laquelle sont Stephen et son ami Bryan lors de l'ouverture du film. D'autres moments un peu plus lourd sont accompagnés par des rythmes plus lents, afin de mieux montrer l'aspect sérieux, voire tragique de la scène. A noter aussi ce silence pesant, lors de l'annonce de la maladie à Stephen, qui nous met mal à l'aise, et qui illustre bien l'incompréhension et l'état de choc du jeune homme. Après, est-ce que cette composition peut rivaliser avec celle de Hans Zimmer pour Interstellar pour ne citer que lui ? Franchement, je ne pense pas. Ce sont toujours les mêmes instruments qui sont utilisés et le thème varie peu.

La réalisation profite d'une belle photographie, sans être non plus exceptionnelle. On notera une jolie métaphore, lors du gros plan sur l'iris de Stephen qui se transforme en supernova, afin de montrer son idée sur la théorie du commencement de l'univers. Un filtre très granulé et aux couleurs plus jaunâtre est utilisé pour filmer diverses scènes souvenirs, comme le mariage ou les vacances avec les enfants. Ce filtre fait directement écho à la qualité des images de l'époque, mais je me demande pourquoi le réalisateur n'est pas allé au bout de son idée en prenant un format 4/3, voire même en utilisant directement une caméra d'époque. En sachant que ces scènes sont couvertes par la musique, ce n'aurait pas été gênant. Sinon, pas de mouvements de caméra novateurs ou mémorables.

L'ecriture a, selon moi, quelques défauts, surtout dans le premier acte. La romance entre Stephen et Jane est tellement cucu que j'ai presque cru regarder un épisode de Glee. Ils tombent sous le charme au premier regard, se complète, finissent par s'embrasser sur un pont éclairé par des lampions à lumière jaune qui évoque des bougies, avec une gondole qui passe en-dessous, le tout accompagné par un jazz lent. Franchement, on dirait des gosses de 14 ans qui vivent leurs première romance. C'est certainement voulu, pour faire un contraste du genre, avec la maladie, ils sont passés à l'âge adulte, mais bon, ce n'était pas nécessaire de grossir autant le trait. J'aurais aussi souhaité voir un peu plus du travail de Stephen Hawking, rien que cinq minutes de plus afin de mieux comprendre le mythe autour de ce scientifique, et me rendre compte de tout ce qu'il a accompli (on en voit, rassurez-vous, mais sur plus de deux heures de films, il y en a peu). Enfin, une dernière chose en lien avec la réalisation : donnez-nous des dates, qu'on se fasse une meilleure idée du temps qui est passé. Par exemple, la date de l'obtention du doctorat, la date où il présente sa théorie à un comité de scientifique ou encore la date de la parution de son livre; rien que ça nous permettrait de mieux nous y retrouver.

Les acteurs sont tous très bons, sans être très impressionnant. Eddie Redmayne joue très bien le handicap, et avant cela, le côté génie maladroit de Stephen Hawking. Il fait passer beaucoup de choses par son regard, mais après, est-ce que c'est suffisant pour gagner la statuette ? De même pour Felicity Jones : elle interprète très bien cette femme amoureuse du scientifique, qui verra son amour s'affaiblir à cause de l'accroissement de la maladie et de la dépendance qu'a son mari. On ne la voie quasiment pas vieillir pendant le film : pas une seule ride, pas un cheveux blanc, seule son style vestimentaire et sa coupe change afin de montrer l'avancée du temps; et c'est un léger défaut du film.

Je vous conseille vraiment ce biopic, qui est, je pense assez fidèle à l'histoire d'origine. Cependant, je le voie mal remporter des Oscars, même si je peux comprendre ses diverses nominations.
Hell-Crosses
7
Écrit par

Créée

le 26 janv. 2015

Critique lue 606 fois

2 j'aime

Hell-Crosses

Écrit par

Critique lue 606 fois

2

D'autres avis sur Une merveilleuse histoire du temps

Une merveilleuse histoire du temps
EvyNadler
8

La poursuite du bonheur

Quand vous mettez le DVD de "Une merveilleuse histoire du temps" dans votre lecteur DVD (calme-toi c'est une métaphore), vous êtes en pleine cambrousse et vous avez deux chemins qui s'offrent à vous...

le 1 févr. 2015

80 j'aime

14

Une merveilleuse histoire du temps
Samu-L
4

A brief waste of time

Ok, je suis un peu dur avec ce film, c'est entendu. C'est pas si mal filmé, même si c'est très classique, mais on attend pas non plus une réalisation et un montage bien punk dans le carde d'un biopic...

le 26 juin 2015

61 j'aime

16

Une merveilleuse histoire du temps
eloch
5

Un homme et une femme ... d'exception

Un destin extraordinaire suffit-il à faire un film extraordinaire ? C’est bien la question que pose Une merveilleuse histoire du temps, dont toute la fabrication – des plans, aux choix...

le 19 janv. 2015

50 j'aime

6

Du même critique

Un homme idéal
Hell-Crosses
8

"On était en train de jouer à "Prends-moi pour une conne..."

Mathieu Vasser, jeune déménageur et fan de littérature n'a qu'une envie : être édité. Cependant, un certain manque de talent lui empêche de réaliser ce rêve. Jusqu'au jour où il trouve, lors d'un...

le 26 mars 2015

6 j'aime

Incendies
Hell-Crosses
7

La vie n'est qu'une plaie ouverte

Après avoir été émerveillé par le superbe thriller Prisoners, et mis mes neurones en vrac devant le film labyrinthe Enemy, j'ai décidé de regarder le film qui a précédé ces deux œuvres : Incendies...

le 19 janv. 2015

6 j'aime

Cold in July
Hell-Crosses
6

Un thriller moyen et classique

Ne sachant pas quoi faire de mon dimanche après-midi, je me suis dirigé vers mon cinéma pour voir Cold in July. Je ne connaissais pas grand chose du film, j'avais vaguement vu une bande-annonce, et...

le 5 janv. 2015

6 j'aime