Le (seul) mérite de ce ... film, c'est qu'il m'a enfin permis de régler définitivement ce que je pense du cinéma de Malick : j'ai toujours été partagé entre l'intérêt pour l'ambition formelle et agacement devant sa vision du monde très americano-gnagnan. Bon au moins là, il n'y a pas de tiraillement : c'est un calvaire, une purge, un chemin de croix.
Déjà son dispositif formel est le même de film en film, j'en ai vu peu et j'en ai déjà marre. Cette steadicam hystérique, ces contre-plongées, plan cassés, et souvent les 3 en même temps, ce serait une bonne idée si ça n'avait pas été si répétitif (3 heures non-stop putain !). Tout ça se voudrait hypnotique et sensoriel mais finalement c'est juste désincarné, abstrait, fuyant. Heureusement qu'il y avait parfois les images d'archives des nazis et leur incontestable effet apaisant.
Quant à l'histoire, vu que le Terry daigne en raconter une cette fois, alors là on atteint des sommets. En gros c'est une sorte de version INTERMINABLE et AUTRICHIENNE d'Antigone, avec un villageois qui semble dubitatif à l'idée de prêter allégeance à un certain peintre bavarois dont l'oeuvre inachevée est quelque peu tombée dans l'oubli de nos jours. Pas un personnage, pas une situation, pas un dialogue qui échappe au cliché, les critiques diront que c'est universel, je pencherais plutôt pour la paresse et l'absence de fond dans le cinéma de Malick.
Mais vraiment le gros atout du film, son potentiel nanardesque, vient de cette voix-off : dialogues ou correspondance susurrée, elle débite sans s'arrêter des vérités sur la vie, la mort, Dieu, le fromage et le joint de culasse. Et le tout en anglais s'il vous plaît ! Parce ce qu'il y a de marrant aussi c'est que les dialogues importants et les aphorismes pompeux sont en anglais (une sorte d'Anschluss linguistique quoi), mais tout le monde tout autour parle allemand, en particulier quand il faut vociférer hystériquement. Franchement on compte sur la technologie dans l'avenir pour trouver comment inverser ça, on passera des soirées hilarantes avec les jeux d'alcools adéquats.
Pour les courageux qui iront quand même voir ce truc, vous pourrez (en cas d'ennui) faire ce que j'ai oublié de faire : prendre note des phrases les plus ridicules en voix-off (prévoir beaucoup d'encre), ça permettra de faire marrer un peu ceux qui rateront ça, ça peut aider en ces temps de grisaille déprimante.