Cette beauté que vous ne supportez plus...

On accuse constamment Terrence Malick d'être un cinéaste spiritualiste et lyrique.


Ce procès est clairement non-fondé, et ne tiens pas pour la simple raison qu'il est totalement assumé par l'artiste. C'est son droit le plus élémentaire.


Malick est un des ( rares ) grands paysagistes du cinéma contemporain.


Peu de cinéastes dans le Monde peuvent se targuer de filmer la nature avec un tel lyrisme contemplatif.


On pense au regard de Dieu, à la Génèse et à la création du Monde pour un résultat touché par la grâce, une fascination à filmer la nature et les êtres, qui la peuplent et l'accompagnent.


" Une vie cachée " est un film " sublime", au sens littéral du terme, c'est à dire qu'il se rattache directement à la grande peinture allemande du XIXème Siècle de Caspar David Friedrich, à la peinture américaine, à Emmerson, aux transcendantalistes.


Un film à ne pas mettre devant toutes les rétines.


Ce qui nous est montré ici appartiens plus à l'expérience, à l'immersion, ou, en creux, se cache et rôde la figure du plus grand philosophe du XXème Siècle, Martin Heidegger.
Celui qui entretenais une véritable fascination pour Hitler plane en ombre portée sur le film. En miroir, sur l'autre versant, un simple paysan qui tout de suite a " vu ", au sens christique du mot, et identifié les origines du Mal, Adolf Hitler et la dégradation d'une société et d'un monde au bord du gouffre.


Beaucoup de critiques ont reprochés au film son manichéisme lourdingue, parlant même d'un parpaing spiritualiste :

Les réticences de certains devant ce chef-d'oeuvre de maitrîse me font signaler que ce film se reconnais comme une production hors-champs, hors-mode, totalement à l'écart de l'esprit général de notre époque, la nôtre, rongée par l'ironie et le cynisme.


S'en positionnant si loin, et si à l'écart, il en devient un objet filmique sublime, un ovni bouleversant de beauté.
Une oeuvre difficile, lancinante et redondante, parfois, mais touchée par la grâce.
Cette grâce là, fut celle d'André Tarkovski ou de Lars Von Trier, de Kubrick aussi, celle de vrais auteurs, de vrais esthètes, de vrais fous ou Saints, l'Histoire et le futur jugerons..


A l'image d'un Jean-Luc Godard en son temps, Malick avait éradiqué et supprimé la narration linéaire, il reviens ici aux intrigues, pour développer une histoire extra-ordinaire ( et réelle ).
Son utilisation du grand-angle accompagne ses intentions narratives et son propos dans une adéquation esthétique difficilement attaquable.


Respectons un artiste rare, et ici, une histoire d'une portée et d'une puissance métaphysique unique, que peu de scénaristes pourront surpasser.


Je m'adresse maintenant aux détracteurs et aux démolisseurs de ce film:


Le problème de cette époque, la votre, ou la rétine humaine et le spectateur sont tellement habitués, conditionnés par la laideur et la banalité du Monde tel qu'il va, que, cette beauté, non seulement vous ne la reconnaissez plus, mais surtout vous ne la - supportez - plus.


Je vous plains.

Ferenzino47
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 20 janv. 2020

Critique lue 481 fois

6 j'aime

9 commentaires

Patrick Mille

Écrit par

Critique lue 481 fois

6
9

D'autres avis sur Une vie cachée

Une vie cachée
SBoisse
10

« Quand on a abandonné l’espoir d’échapper à la mort, la vie s’illumine »

Terrence Malick n’a rien perdu de ses manies : les gros plans et le grand angle, les travellings avant, les contre-champs, les lumières naturelles, la contemplation de la création, le souci du détail...

le 3 janv. 2020

69 j'aime

20

Une vie cachée
Velvetman
10

Marriage Story

Le Festival de Cannes 2019 vient de vivre son premier choc avec Une vie cachée de Terrence Malick, présenté en compétition officielle. Le cinéaste américain est à son meilleur et arrive à trouver le...

le 11 déc. 2019

64 j'aime

1

Une vie cachée
lhomme-grenouille
3

Par delà le bien et le Malick (…sauf qu’en fait – ô surprise – non)

J’ai aimé Malick. Vraiment… Il y a de cela une décennie encore, j’aimais défendre son œuvre. J’acceptais sa rythmique aux fraises et ses voix off niaises et moralisatrices parce que derrière tout...

le 15 déc. 2019

46 j'aime

30

Du même critique

La Voie de la justice
Ferenzino47
7

Les Couloirs de l'innocence

Malgré une bande-annonce plutôt manichéenne et balisée, je me suis décidé à aller voir " La voie de la justice " . Belle surprise. Coup de poing. Le film percute et frappe par sa lente ténacité et ...

le 30 janv. 2020

8 j'aime

The Dreaming
Ferenzino47
10

L'album Ultime

Sorti en 1982, " The Dreaming " est l'album le plus magique au sens littéral du terme, audacieux et personnel de la Pop Diva. Jamais pour moi la voix de tête, infantile de velours de Kate Bush ne fut...

le 12 janv. 2020

8 j'aime

La Belle Époque
Ferenzino47
2

La Triste Epoque

Le film est un ratage total, et il me reste de la projection une sensation profondément irritante et artificielle d'un milles-feuilles surchargé et désincarné. Le film a constamment peur du vide et...

le 11 nov. 2019

7 j'aime

3