Véritable exercice de mise en scène, la réalisation s’adapte à son sujet dès les premières minutes. Nous sommes projetés sur une vidéo internet, assistant au suicide d’une étudiante. Image choc et originelle qui n’aura de cesse de hanter le long-métrage. En effet, le film est intégralement filmé comme un écran d’ordinateur, sans recul. Le spectateur est lié aux décisions de la protagoniste principale, entre visites de sites internet et conversations Skype. De la phase d’exposition au dénouement, impossible de se « déconnecter ». Et c’est là le premier tout de force réussi du film : sa retranscription du virtuel.
Plutôt que de tenter une approche abstraite (Existenz de Cronenberg), il s’évertue à recréer un réalisme froid et imparfait. Les fenêtres ont parfois besoin de quelques secondes pour s’ouvrir, le clic de la souris est hasardeux et des fautes d’orthographes se greffent aux recherches. Un réalisme qui participe à l’immersion du spectateur, notamment pour ceux nés après 1985 qui ont connu le maniement d’une souris et d’un clavier depuis l’enfance, ont participé à l’éclosion des modes de communications informatiques (forums, chats…) et ont expérimenté les réseaux sociaux depuis leur début. Véritable tour de force, qui loin d’être gratuit, permet au réalisateur d’en extraire tout le potentiel afin de faire naître la peur chez le spectateur. Il se joue des sons, des temps de latence, des fenêtres vides et des messages inquiétants afin de créer un vrai sentiment d’insécurité. A ce titre, l’alarme Skype n’a jamais était aussi traumatisante, light motif insidieux qui n’a de cesse de jouer sur les nerfs.
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