Jordan P. remet les couverts pour le genre horrifique après son génialissime "Get out" au scénario implacable. Dire que les attentes pour "Us" sont énormes est donc peu dire, il suffit de voir comme le film a fait parlé de lui avant même sa sortie.
Il faut reconnaître aussi que la B.A. avait également de quoi faire saliver en promettant un climat d'angoisses et de mystères quand une petite famille américaine se retrouve devant leurs doubles (sosies/doppelganger, mettez-y la sauce que vous souhaitez).
L'ouverture du métrage vient vite nous rassurer sur la paternité du produit : Jordan P. saupoudre toujours le tout de certaines symboliques (auxquelles on ne peut être indifférent même si on ne les déchiffre pas toutes aussi facilement les unes que les autres) mais surtout d'une réelle atmosphère d'angoisse. La bande originale est un véritable plus au spectacle et il convient d'en saluer l'artiste.
Le problème vient ensuite quand il faut maintenir ledit climat et l'attention du spectateur.
En effet le réalisateur fait le choix de scènes un peu trop bavardes à mon goût , notamment sur les origines de ses antagonistes, et leur fait perdre par là toute leur crédibilité. Il le fait de plus très rapidement.
Là où un "Get Out" fonctionnait du feu de Dieu en nous confrontant à l'horreur commis par des gens ordinaires, que l'on pourrait rencontrer en allant dans le village voisin, "Us" nous montre des monstres aux origines bancales. Par là, la narration nous met à distance de son angoisse et perd de sa prise sur nous tandis que le simple maintient du mystère quant à ces apparitions eut pu avoir un effet bien plus considérable. Le visionnages me laisse d'ailleurs cette impression amère que la bande annonce aura été plus efficace que le film, uniquement à cause de ce point.
S'ensuit une chasse à l'homme dont les séquences ne sont pas toutes des plus inspirées bien que l'on perçoit cette volonté de parallèle symbolique dans les caractères des personnages et de leurs poursuivants. Je retiens quand même quelques scènes plus inspirées comme celle de "la danse", dont la chorégraphie et la bande originale ont su rattraper mon intérêt.
En somme Jordan P. nous livre ici un travail plus classique bien qu'empreint de l'écueil moderne consistant à vouloir toujours tout trop expliquer. Un travail peut être moins inspiré mais dont on retient quand même une symbolique forte, quelques bonnes séquences et une bonne bande originale.