V/H/S 2 semble avoir tiré les leçons des critiques formulées à l’encontre de son prédécesseur. Où V/H/S ne réunissait que le pire du genre, ce nouveau film d’anthologie offre un peu d’originalité et accorde un (petit) effort à la qualité de l’ensemble.

S’il suit le même parcours que son aîné, il y a fort à parier que V/H/S 2 se retrouvera dans tous les festivals de films d’horreur pour l’année à venir. Le found-footage, qui par ailleurs commence à emprunter des voies intéressantes avec des films comme The Bay ou Frankenstein’s Army, a encore de beaux jours devant lui. Ce qui pousse les producteurs à en faire tout et surtout n’importe quoi. Pourtant, à l’inverse d’une saga comme Paranormal Activity qui s’empire d’épisode en épisode, V/H/S 2 s’améliore. Rien d’extraordinaire, en attestent les commentaires du présentateur à l’Etrange Festival – “certains segments ne sont pas terribles”, nous prévient-il, à raison – mais de quoi passer un moment divertissant.

Adoptant une structure similaire à celle de V/H/S 1, le film se décompose en quatre segments distillés au creux d’une intrigue censée connecter l’ensemble. Suite à la disparition d’un jeune, deux policiers enquêtent et retombent sur cette même bâtisse abritant d’étranges cassettes vidéo. Chacune des cassettes visionnées représente un sketch. Pour être honnête, disons que deux de ces historiettes sont convaincantes, une est gâchée par les défauts qui hantent le cinéma d’horreur de nos jours, et la dernière est d’une nullité affligeante.

Adam Wingard, déjà responsable de cette sombre nullité qu’est You’re Next (à mon humble avis), pond un premier segment prometteur, et même le plus effrayant de tous, mais pollué des marottes qui gâtaient déjà son segment de V/H/S 1 : le jump-scare sonore (attention aux tympans) et l’image agressive, comme si l’épilepsie pouvait se substituer à une bonne frayeur. Pourtant, tout n’est pas à jeter dans “Clinical trials”, mésaventures de cet homme affublé d’un oeil électronique et en proie à de terrifiantes visions depuis son opération. Un peu dommage qu’il soit ponctué des “what the fuck” ou “shit shit fuck” de son personnage principal toutes les deux secondes, nous faisant nous languir d’une écriture plus subtile…

La deuxième histoire bénéficie d’un angle original qui, à ma connaissance, n’a jamais été abordé auparavant au cinéma : un homme affublé d’une GoPro lors d’une randonnée en forêt se fait mordre par un zombie. La suite… en vidéo. Mis en scène par Eduardo Sanchez et Gregg Hale, respectivement réalisateur et producteur du Projet Blair Witch, “A ride in the park” nous replonge dans les angoisses sylvestres de ce dernier, mais avec une pointe d’humour bien gore rendant l’ensemble fort sympathique.

Le segment suivant est de loin le plus intéressant de V/H/S 2, et également le plus long. Tirant son héritage du Prince of Darkness de Carpenter, de Rosemary’s Baby, de The X-Files ou encore de Silent Hill dont on entendra les entêtantes sirènes, “Safe Haven” commence comme un simple reportage sur une secte indonésienne ; un reportage qui tournera très mal pour l’équipe sur place. Il faut dire que certains d’entre eux ne font pas preuve d’une intelligence à toute épreuve (“hihi je suis journaliste sur le terrain mais je jette les cadeaux porte-bonheur de mes hôtes”). L’acteur incarnant le gourou est particulièrement bon en leader tour à tour taciturne et complètement taré. Notons que c’est d’ailleurs Gareth Huw Evans, réalisateur de l’excellent The Raid, qui signe ce passage aux fortes inspirations vidéoludiques.

Je vous épargne toute considération sur “Slumber Party Alien Abduction” qui n’est qu’une succession d’images chaotiques, d’humour déplorable, de cris assourdissants et de très mauvais effets spéciaux. Mais à quoi Jason Eisener (Hobo with a shotgun) se drogue-t-il ? Ne nous attardons pas également sur les transitions foireuses entre chaque segment qui sous couvert de qualité “VHS” nous offrent d’interminables successions d’images désagréables, comme une cassette abîmée. Visiblement, toutes les leçons n’ont pas été tirées suite à V/H/S 1…

Au-delà des appréciations de qualité, une des plus importantes incohérences de V/H/S 2 est une question qui se posait déjà avec certains segments du premier opus : pourquoi ces vidéos, filmées avec un oeil électronique, une GoPro ou une caméra numérique se retrouverait-elle sur de vieilles cassettes vidéo ? A moins d’estimer que ce transfert est l’oeuvre d’une entité supérieure maléfique ou d’un adepte sacrément motivé, tout ceci n’a guère de sens.

Malgré ces incohérences et défauts, V/H/S 2 reste largement plus appréciable que le premier chapitre de la saga, que l’on imagine se décliner encore, dans au moins un troisième film. Si c’est le cas, espérons que la tendance se confirmera et qu’il sera encore supérieur à celui-ci.
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films d'horreur c'est rigolo et Vus au cinéma en 2013

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le 21 sept. 2013

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