Modèle du genre de la comédie romantique, Vacances Romaines de William Wyler est un sommet de plaisir simple. Une sucrerie estivale éternelle et indémodable.


Le cinéma est un art de circonstances. Un art où le moindre détail peut changer la face d’un film. De la préparation au casting, du tournage au montage. Un art du mouvement, de l’instant. Et c’est ce qui fait qu’aujourd’hui Vacances Romaines de William Wyler est une référence de la comédie romantique. Souvent copié, peu égalé.


Vacances Romaines, c’est l’histoire d’une princesse étouffée qui rêve de liberté et d’un journaliste dépassé en quête de scoops. À Rome, le temps d’une journée, la tendresse d’un amour éphémère.


Quel impact aurait eu ce film si Elizabeth Taylor ou Jean Simmons avait accepté le rôle de la princesse Ann ? Quel souvenir garderait-on si Cary Grant avait rempilé encore pour une nouvelle comédie ? Ceci restera de l’ordre du mystère. Pour le reste, il aura fallu la patience d’un William Wyler – alors auréolé de deux Oscars pour Madame Miniver et Les Plus Belles Années de notre vie – pour trouver la perle rare. Une jeune débutante nommée… Audrey Hepburn. Une aventure qui signe la naissance d’une étoile devenue incontournable et légendaire qui obtiendra un Oscar donc, pour son premier grand rôle.


Le résultat est inoubliable : le souvenir d’un couple Hepburn-Peck, absolument délectable. Du charisme et de la malice imprimés sur la pellicule. L’autre raison du succès se nomme aussi Ian McLellan Hunter. Un scénariste de génie plus connu sous le nom de Dalton Trumbo, alors sous couverture pour éviter la chasse aux sorcières du McCarthysme. Scénario d’une simplicité déconcertante mais qui sort habilement de la route happy-ending toute tracée du « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».


Ce sont ces concours de circonstances qui font de Vacances Romaines un moment délicieux et suspendu, ces rêves d’une journée hors du temps. Un alignement de planètes qui mêle la découverte d’un talent brut, des dialogues d’une grande finesse à des situations comiques et romantiques incroyables. En candide rêveuse, Audrey Hepburn brille de mille feux et excelle dans le mélange d’un charme désarmant et d’une malice espiègle. Gregory Peck sort de sa zone de confort dramatique et son essai comique se montre très concluant.


En décidant de tourner l’intégralité de son film en Italie, William Wyler opérait alors une petite révolution à Hollywood. Le tournage de cette romance douce-amère bénéficie de nombreuses scènes en extérieur et qui ajoutent assurément un nouveau charme à qui connait la beauté de la capitale italienne.


Vacances Romaines agit alors comme un cocon dans lequel on se sent bien. Une échappée fugace se terminant par des images explosives de mélancolie où les deux heures passées deviennent un souvenir. Un moment inoubliable.


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JoRod
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le 17 août 2019

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