Zootopie avait été une baffe, film d’animation de haute volée reprenant les codes du thriller avec des animaux anthropomorphiques dans une histoire adulte passionnant avec UNE SEULE chanson (qu’on entendait deux fois mais en restant de la musique diégétique et ne me gâchez pas mon plaisir !). Autant dire que le tournant numérique des Disney prenait son envol pour enfin proposer quelque chose de captivant et d’original face aux princes et princesses tirées de conte avec des compagnons animaux déclinables en peluche et des méchants qui se transforment en énorme créature menaçante.


Vaiana est l’histoire d’une princesse d’une île qui n’est pas Tahiti – même si ça y ressemble vachement – qui va chercher une sorte de génie pour aller sauver son peuple en combattant un volcan vivant avec l’aide d’un médaillon magique et d’un poulet entre deux chansonnettes sur un radeau…


Vaiana a tout un tas de qualité, une belle utilisation de son cadre pour commencer, les mythes servant de base à l’intrigue donnant un vrai cachet à ses personnages et ses péripéties, mais on revient à un copié-collé bête et méchant de ce que Disney faisait il y a vingt ans. Un peu d’Aladin avec le génie polymorphe, une approche des mythologies proches d’Hercule même si à mon sens on s’est arrêté en cours de route niveau idées, un poil de Brave ou de Mulan avec son héroïne luttant contre les conventions, une grand-mère interchangeable avec celle de Pocahontas, rien n’est mauvais mais son aspect visuel seul ne permet pas à Vaiana de se détacher de ses prédécesseurs contrairement à un Raiponce qui déconstruit les codes du conte avec un humour absurde marqué ou une Reine des neiges jouant sur une relation entre deux sœurs dont une anti-héroïne. Rien n’est foncièrement mauvais ici mais beaucoup d’éléments ont un air de déjà vu entament la surprise, et donc l’implication, d’un public adulte.


Ainsi mon principal reproche que n’arrive pas à sauver un duo de héros attachant et le classicisme du projet, son manque d’audace sur le fond pas vraiment sauvé par des emprunts à d’autres studios comme le poulet crétin aux airs de Scrat de l’âge des glaces ou (l’excellent) court métrage avant le film façon Pixar… que possède Disney de toute façon.


Dommage que l’on retombe dans un modèle type dont je pensais être débarrassé depuis le Prince et la Grenouille. S’il plaira sans problème aux jeunes fans du studio, les plus vieux risquent fort de se questionner sur leurs choix de vie quand l’héroïne re-re-recommencera à chanter sur sa coque de noix à propos de sa vie dans les îles et du fait qu’il y a des étoiles la nuit.

Cinématogrill
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le 13 déc. 2016

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