Sur le papier, "Vaiana, la légende du bout du monde" avait tout pour être un grand Disney. D'abord, au scénario et à la réalisation, Ron Clements et John Musker, déjà aux commandes par le passé de nombreux "hits" Disney tels que La Petite Sirène, Aladdin ou encore Hercule. Ensuite un environnement pas encore exploré dans les films des studios à la souris la plus célèbre au monde : la Polynésie et ses légendes. Enfin, un personnage féminin fort, au caractère bien trempé et à la résolution de fer.


Et dans une certaine mesure, tous ces éléments s'articulent plutôt bien, pour former une histoire agréable et amusante à suivre. Tout d'abord, d'un point de vue graphique et qualité d'animation, le film est assez irréprochable. C'est beau, on en prend plein la vue, c'est fluide, et le design des personnages est bien senti. Ensuite, si le scénario se base sur une trame tout-à-fait classique, à savoir le voyage initiatique d'une héroïne qui n'a jamais eu le droit d'aller au-delà de la barrière de récifs entourant son île, son traitement est sympathique, laissant place à une réflexion morale. En effet, Vaiana, en tant que fille du chef de la tribu, est amenée à choisir entre deux destinées aussi importantes l'une que l'autre. Elle est censée devenir chef de l'île à son tour et guider son peuple dans une période troublée où la nature semble de moins en moins prodigue de ses bienfaits, ou accepter la mission qui lui est confiée par l'Océan lui-même, qui attend d'elle qu'elle retrouve un certain Maui, demi-dieu perdu qui a volé le Coeur de Te Fiti, pour l'obliger à le remettre à sa place et ramener l'ordre dans la nature qui se dégrade lentement depuis des siècles. Un choix cornélien pour celle qui a pleinement conscience de ses responsabilités envers son peuple, mais que l'appel de l'aventure et de l'exploration titille de plus en plus. Elle finira bien évidemment par partir pour retrouver Maui, personnage imbu de lui-même et égoïste mais malgré tout doté d'un charisme indéniable, coincé sur une île déserte et qui va voir en Vaiana l'opportunité de retrouver sa liberté mais qui n'a aucune intention de l'aider dans sa mission.


L'affrontement entre ces deux caractères forts fonctionne bien, et offre son lot de moments très amusants. Hei-Hei, un petit poulet idiot qui s'est invité sur l'embarcation au départ de Vaiana vient compléter l'"équipe", et est lui aussi un ressort comique, très apprécié des jeunes spectateurs dans la salle. Le choix de centrer l'histoire autour des légendes polynésiennes est aussi une bonne idée. On découvre une part de leur mythologie souvent méconnue et poétique à souhait. Et il est assez agréable également de voir des personnages au physique ne correspondant pas forcément aux canons occidentaux mais pourtant présentés comme puissants, forts et fiers tout comme les Polynésiens ou les Maoris modernes. Autre signe que les scénaristes voulaient sortir du schéma ultra-classique des productions Disney, une séquence dans laquelle Vaiana et Maui se disputent pour savoir si elle est ou non une princesse. L'héroïne affirme ne rien avoir en commun avec les princesses, ce à quoi Maui répond "si tu as une robe et un animal de compagnie qui te suit partout, c'est que tu es une princesse!". Petit clin d'oeil amusant aux spectateurs habitués au schéma en question.


Malgré tous ces points positifs, "Vaiana" peine à dépasser le stade du divertissement sympathique mais oubliable. Ses péripéties, certes amusantes, manquent tout-de-même d'ampleur, d'une certaine qualité épique. Paradoxalement, l'Océan, censé être un personnage à part entière, semble moins vaste que ce à quoi on pourrait s'attendre, et l'immense variété de sa faune et de sa flore n'est qu'à peine esquissée contrairement à ce qu'on a pu voir dans la Petite Sirène, ou chez Pixar dans le Monde de Némo et celui de Dory... De même, le duo Vaiana/Maui a relativement vite fait le tour de son potentiel, et le film manque sans doute un peu de personnages secondaires.


Comme dans tous les "classiques" Disney, les chansons ont une grande place dans le film. La plupart sont malheureusement assez quelconques et contribueront au caractère oubliable de "Vaiana". A l'exception de deux d'entre elles : "Bling-bling", chantée par le méchant Tamatoa, et surtout "Pour les Hommes", chantée par Maui juste après sa rencontre avec l'héroïne, au refrain et à la mélodie très accrocheurs. Mention spéciale d'ailleurs à Anthony Kavanagh qui double Maui avec un bonheur communicatif.


"Vaiana, la légende du bout du monde", est donc un Disney sympathique et agréable à regarder, mais qui ne marquera pas très durablement les mémoires des plus grands, même s'il fera à coup sûr passer un moment très agréable aux enfants.

CharlesLasry
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le 29 déc. 2016

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Charles Lasry

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