"Valley of love" est un film singulier, aux multiples entrées, fait sans doute pour titiller la curiosité du spectateur et ses goûts cachés pour les rubriques peoples, écrit pour passionner les cinéphiles qui y retrouveront toutes les marques d'un cinéma de bon goût et peut être interroger aussi sur la mort, le deuil, le couple, la séparation.... Bref du cinéma français jouant sur tant de tableaux, qu'il pourrait friser l'indigeste et qui, pour moi, rate sa cible.
Le pitch, cent fois rabâché dans les médias, est simple . La lettre posthume d'un fils suicidé, fait retrouver ses parents, séparés depuis fort longtemps, dans un motel proche de la Vallée de la Mort. Il leur promet une apparition s'il respectent bien les rendez-vous donnés dans la lettre....
Le problème pour moi, (mais est-ce un problème?) c'est que je n'ai pas vu Isabelle Huppert et Gérard Depardieu... Certes, ils sont bien tous les deux dans le film, l'un aussi massif que l'autre est gracile, mais ils me sont apparus comme deux personnages romanesques, vivant une histoire lente et confinant au mystique. Ils ont beau s'appeler Gérard et Isabelle, balancer des dialogues bourrés de sous-entendus, ils sont complètement des personnages de fiction, réunis dans un film que l'on pourrait penser réalisé par Gus Van Sant. Leur couple improbable (on peut comprendre qu'il n'ait pas fonctionné) et pourtant attachant, repose bien sûr sur l'interprétation impeccable des deux comédiens avec une prime pour Depardieu qui, avec une sobriété étonnante fait passer beaucoup de douceur et d'émotion dans cet homme peinant et suant sous le soleil, métaphore de sa vie finissante. Toutes les allusions sur leur carrière ou leur vie personnelle, sont savoureuses pour qui veut jouer aux clins d'oeil, mais deviennent vite agaçantes, rendant cette histoire trop joueuse pour être au final prise au sérieux.
A jouer plusieurs tableaux, le film rate finalement sa cible. Est-ce un hommage aux deux grands acteurs du cinéma français depuis plusieurs décennies ? Ou à Guillaume Depardieu, dont l'ombre plane sans cesse ? Est-ce également une envie de l'éclectique réalisateur de tenter un film art et essai, inspiré par Gus Van Sant, déjà cité mais dont les longs travellings des héros déambulant rappellent sa période "Gerry" et " Elephant" ou Antonioni pour le thème de la disparation ? Ou est-ce un joli coup de producteur réussissant à réunir deux monstres sacrés qui ne s'étaient jamais croisés à l'écran depuis plus de 30 ans ? Un peu tout cela à la fois sans doute... mais du coup, on se perd un peu dans cette oeuvre hybride.
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pilyen
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le 18 juin 2015

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pilyen

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