Valley of Love c'est d'abord un pitch improbable mais qui, qu'on soit rationnel ou ouvert à toutes les possibilités, subjugue par sa force d'un espoir possible dans l'acceptation du deuil et de la mort elle-même.
Bien sûr que le choix des acteurs n'est pas anodin, Gérard Depardieu, acteur au charisme fort, physique imposant, la mort de son fils, ses déboires et son je-m-en-foutisme légendaire, viennent faire écho à la fragile Isabelle, actrice de talent mais qui garde une certaine froideur dans sa filmographie (elle en joue autant qu'elle tente de la casser). Le casting est par nature déjà convainquant, tant Gérard ne joue pas, quand Isabelle s'applique, confondant d'illusion tant on se demande si les deux auraient pu avoir cette relation dans le passé.
Ici, ils ont un fils qui à son suicide laisse des instructions à ses parents séparés pour peut-être un dernier adieu. Même si on sait que l'intrigue reste plus dans une vague réaliste qui voudrait que le couple cesse de se bloquer face à l'échec de cet enfant solitaire, Nicloux parvient pourtant à instiller une ambiance surréaliste.
Au milieu de cette chaleur (que le bourru Gérard nous transmet incommensurablement), et de ces déserts, la Vallée de la Mort offre un spectacle à la fois splendide et désolé, immensément chaud mais froid de toute verdure, laissant la soif tirailler la vue.
Entre les retrouvailles d'un couple qui a tracé son chemin séparément, on assiste a ce qu'on s'attendait à voir, des reproches, des pourquoi, des demandes, tout ce qui ponctue généralement le questionnement d'une mort dite prématurée. En filigrane, l'être cher et sa demande énigmatique fait entrer le spectateur dans une sorte d'acceptation de ce qui n'est pourtant pas réaliste. Mais qu'importe pourvu que Guillaume Nicloux continue cette introspection, ouvre les portes d'un monde méconnu, car le film reste trop sur sa faim pour qu'on puisse pleinement en attendre autre chose que ce pourquoi il a été fait. Que ce soit dans un sens ou dans l'autre, j'attendais que le film nous amène plus loin que cette réflexion, plus loin dans son réalisme ou dans son surnaturel, que le film soit porté par bien plus que ces deux monstres sacrés pour mieux sublimer le scénarios.