"L'essentiel est d'être ici et maintenant. Que les moments de joie et de malheur soient vécus totalement. Il faut renoncer ni aux uns ni aux autres". Guillaume Nicloux se dit être un joyeux dépressif, pourquoi pas. Avoir conscience de sa mélancolie, en la vivant pleinement. Pour son dixième film, l'homme réunit Huppert et Depardieu, rien que ça.
Tout le monde, à un moment donné de sa vie, voit partir un être proche. Ici, les deux acteurs viennent de perdre leur fils qui s'est suicidé six mois plus tôt. Ce récit, assez fascinant, est universel. Mais à l'image de sa première scène, le cinéaste ne va pas au bout de ses intentions. Filmée de dos, Huppert traverse la rue avec une démarche affirmée. Mais alors que le réalisateur s'attache à la suivre de près, celui-ci coupe la caméra quand elle entre dans l'hôtel. Fausse note dès le départ, on pensait à un plan-séquence inspiré.
Ce scénario met le spectateur dans un état d'esprit bien particulier : l'attente. Avant de se suicider, ce fils disparu a laissé une lettre à ses parents leurs expliquant qu'il réapparaitrait dans la Vallée de la Mort. Cette œuvre recèle donc d'un suspens morbide qui pose cette question : reverront-ils leur fils ? Par ce positionnement, la narration en devient d'autant plus longue puisque le public est dans l'expectative.
Pourtant, de très belles choses sont dites dans ce conte suffocant. La foi et la culpabilité s'affrontent sans cesse à l'intérieur de personnages habités. Si Huppert comprend quelques faussetés dans son jeu paniqué, Depardieu redevient le monstre du septième art qu'il a jadis été. Et les voir tous les deux au milieu de ces plaines désertiques relève du miracle.
Mélangeant l'humour et le pathétisme à l'intérieur de ce long-métrage, Nicloux enregistre tout. Le bon comme le mauvais. Le renouveau comme le déchirement. Le vrai comme le faux.
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