Israël est un pays dont on a tous une opinion ou une autre par rapport à sa position politique envers la Palestine et les pays arabes en général. Là-bas, pas question de lâcher du lest dans la lutte contre les islamistes. Pas question non plus de lâcher les colonies. Israël est un état juif et point. S'il est vrai que leur stratégie est souvent offensive, il faut oublier un peu la politique et s'intéresser aux cinéastes israéliens. Ari Folman en est seulement à son troisième long-métrage mais Valse avec Bachir est sans aucun doute le plus personnel des trois. Il s'agit aussi du premier documentaire d'animation en format long à avoir été fait. Rien que pour ça, le bonhomme rentre dans la postérité.
Ari Folman, c'est qui? C'est avant tout un ancien soldat israélien qui a fait la première guerre du Liban. Après son service militaire, il s'est lancé dans les arts. Valse avec Bachir possède ce côté étrange, essentiellement à cause de l'utilisation de l'animation, où l'on ne sent jamais dans un documentaire et où pourtant toutes les techniques s'y retrouvent, notamment les interviews d'anciennes connaissances de l'armée ou de psychologues, toutes dessinées. La plupart des personnes que Folman va revoir ont d'ailleurs accepté de collaborer avec lui et de prêter leur voix à leur propre personnage.
Véritable récit autobiographique, Folman nous raconte la façon dont il est venu à se remémorer de tout ce qu'il avait fait pendant cette guerre. Chose qu'il avait totalement effacée de sa mémoire. C'est ainsi tout un travail de reconstruction que l'on va suivre, avec à la clé interviews d'anciens militaires, de psychologues et surtout les souvenirs de cette guerre. Ce film est un véritable exutoire pour Folman qui se souvient des choses terribles qu'il a pu vivre ou qu'il a commise. Le metteur en scène n'était d'ailleurs pas loin du tout de l'endroit où a été commis le massacre de Sabra et Chatila. Il se souvient de ces femmes qui hurlent la mort de leurs enfants, maris ou parents. Le massacre sert de fil rouge à l'histoire de Folman. On sent aussi que c'est l'expérience la plus traumatisante qu'il ait eu à vivre.
Valse avec Bachir est un film sur le devoir de mémoire et sur celui de l'oubli. Il n'est pas sans rappeler que le monde entier doit se souvenir de l'extermination des Juifs. Pour Folman, il ne faut pas retirer de son esprit celui commis envers les réfugiés palestiniens. Si le massacre a été opéré par les phalangistes libanais, après le meurtre de Bachir Gemayel, le président du Liban, il faut souligner que Folman n'oublie pas l'importante participation d'Israël dans ce massacre, qu'il a laissé faire et qui l'a clairement autorisé. Folman n'a pas peur de revenir sur les erreurs du passé.
D'un point de vue plus formel, il faut vraiment parler de l'importance de musique signée par Max Richter. Elle est une actrice à part entière. Les dessins sont magnifiquement réalisé, avec une dominance de jaune et de noire qui donne un ton très particulier à l'oeuvre. Certains passages sont clairement plus surréalistes car on rentre dans le rêve des gens.
J'ai été totalement subjugue par ce film, que je voyais pour la deuxième fois, jusqu'aux cinq dernières minutes où Folman passe alors à des images d'archives de journaux télévisés montrant les cadavres et la détresse des Palestiniens. C'est dommage car il apporte une lourdeur qui n'était pas nécessaire au film, d'autant qu'on voyait très bien où il voulait en venir dans son récit.
Bref, c'est pardonnable car ça reste une très belle oeuvre, étrange, et que vous pouvez découvrir sans soucis.
batman1985
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le 6 mai 2011

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