Van Gogh fut au départ un projet très personne pour Pialat car ce dernier avait voulu être peintre, avant de s'orienter vers le cinéma, ce qui explique certainement la longueur du film, dont on sent qu'il veut s'attarder sur cet univers qu'il semble aimer.
Le film relate les deux derniers mois de la vie de Vincent Van Gogh et ses relations conflictuelles avec son frère, Théo, et on voit son intense activité artistique, ainsi que son rapport aux femmes.
La longueur (près de 2h40) m'a un peu décontenancé, car on sent que bien des moments auraient pu être raccourcis, comme la scène au bordel, qui est interminable, mais il s'en dégage une vraie poésie, et comme je le disais, un amour profond de Pialat pour son sujet, à savoir un Van Gogh qu'il ne quitte que rarement.
Parlons justement du peintre, interprété par un Jacques Dutronc magnifique, qui se fond totalement dans ce personnage assez trouble, aux tendances suicidaires, et qui ne se rattache qu'à l'amour qu'il éprouve pour Marguerite Gachet, très bien interprétée par Alexandra London. Théo Van Gogh est joué par l'excellent Bernard Le Coq.
C'est un film où la peinture est très présente, mais il se différencie de la Vie passionnée de Van Gogh, de Minelli, à savoir qu'il est moins romancé, plus direct, et pour qui il crée une distance entre la vie réelle et l'oeuvre du peintre. En cela, il se rapproche de Tarkovski, avec Andréï Roublev.
Doté d'une très belle photo (mais pas de musique, en-dehors de celles d'ambiance), c'est un très bon film, sans doute trop long et un peu exigeant, mais qui donne à voir un Dutronc transfiguré et la folie qui peut déteindre d'un peintre à son œuvre.