Gerald est un bon gars, pas son père.
Gérald n’a pas d’argent, son père si.
Gérald a besoin d’argent, son père va l’aider à s’en faire, on imagine que notre gars bien va devoir évoluer.


Le père, c’est Serge un vendeur de génie: vous arrivez devant lui avec la vague envie d’acheter une cuisine, “juste pour se renseigner”, vous repartez en ayant pris des options qui vous semblaient hors de portée et en ayant signé un crédit que vous aurez du mal à rembourser.


Un bel enfoiré dont les méthodes peu recommandables évoquent immanquablement d’autres salauds de cinéma (ou du quotidien).
Sauf qu’ici le milieu choisi n’est pas celui auquel on penserait spontanément pour évoquer la folie des grandeurs, la pression et la vie débridée.
La vente de cuisine c’est moins sulfureux et moins “vendeur” qu’une banque ou une mafia quelconque, mais le film arrive à nous faire croire que l’univers y est aussi impitoyable, et que compétition et arnaque s’y développent aisément.
Peu importe à quel étage de l’échelle on se trouve, le principe reste le même, et on se surprend dès le départ à croire que vendre des cuisines équipées peut devenir très lucratif et qu’on peut vite se prendre au jeu et s’y perdre.
Le début est bon, et le duo père-fils fonctionne: le paternel est trop brillant et le fiston trop gauche et lisse pour le métier. Leur handicap de communication est crédible, on imagine un passé qui ne facilite rien, bref ça part bien.


Et puis le film s’installe et s’enlise. La montée en puissance de Gérald est crédible mais ni plaisante ni écœurante, on s’y attend, c’est là, et …. Rien. Ça nous indiffère.
Parce qu’on se détache de ce personnage, on n’éprouve rien pour lui et pour ce qui lui arrive.
Et ça ne s’arrange pas au moment où il craque: le film a décidé de rester sombre et de dérouler son scénario sans inventivité, on attend patiemment, sans émotion, d’arriver à la conclusion.
Vendeur était prometteur, mettait en scène des acteurs pertinents, mais n’a pas su maintenir son niveau et son intérêt.


Pourtant on sent la volonté de bien faire, et on pourra noter une excellente bande son, malheureusement la photo trop sombre donne un esthétisme trop froid pour qu’on apprécie l’expérience.
On comprend l'objectif de peindre un milieux crasseux et malsain, mais le trop est l'ennemi du bien.
Le but est de décrire un univers impitoyable, mais on perd en efficacité en voulant à tout prix que tout le film ne soit que froid et noirceur. A trop insister sur son aspect peu reluisant le film se perd et nous avec. c'est titre parce qu'il y avait moyen de faire largement mieux.

iori
6
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le 8 févr. 2018

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