Les chiens aboient : la caravane de Bernard, elle, est bien passée !

D'abord un titre à la "Audiard" n'était pas pour me déplaire ! (Comme celui du peintre Magritte : "ceci n'est pas une pipe" alors que son tableau en montre une) C'est d'ailleurs aussi celui du roman dont le réalisateur Ivan Calberac (1970/ ----) a tiré son film éponyme, mais encore d'une chanson de Serge Reggiani de 1977 pas mal du tout, écrite par Claude Lemesle sur une musique de Christian Piget (1977) : une référence .. Ivan a bonne mémoire et bon goût...

C'est le sixième de ses sept films (tous également scénarisés par lui) qui méritait mieux : 515 227 spectateurs et une rentabilité de 60% malgré un casting globalement peu coûteux bien qu'efficace... Mais pas facile ni bon marché le transport sur la lagune ! Je n'ai pas vu le dernier né de 2022 : "la dégustation..."
Un titre accrocheur et un casting sans prétention : voici qui ne pouvait me laisser indifférent....
Pourquoi le nom de baptême de ce film d'ailleurs ? Parce que Venise est le point de mire des amoureux, mais qu'on pourrait tout aussi bien la situer ailleurs quand on aime...

La fin "ouverte" du film entr'ouvrait du reste la possibilité d'une suite à Londres, mais Calberac semble l'avoir abandonnée... Pas facile de traverser le Channel avec une caravane au cul ?

La présence dans la distribution du douanier belgo-européen Poelvoorde restait pour moi un autre élément hautement tentateur : l'acteur a l'art et la manière d'ingurgiter tous les rôles, tous les emplois, qu'ils soient dramatiques ou autres : un vrai caméléon (..Léon...de Bruxelles ?) dont on est bien obligé de tolérer les excès... Encore plus tentant : flanqué d'une complice qui ne cherche pas à lui ravir le vedettariat mais qui s'adapte elle aussi à tous les cas de figure : Valérie Bonneton, superbe, qui joue "naturel" même dans les rôles les plus saugrenus !

Mais il y a dans le casting d'autres couples réussis comme celui d' Élie Thomat (Émile) et d'une merveilleuse Luna Lou (Pauline) deux révélations : le premier m'a remémoré ma timidité d'ado d'antan vis à vis du beau sexe et des jeunes filles en boutons... même si boutonneux, je n'ai pas connu de harpiste...

Il y a un grand moment de photo auquel je n'avais jamais pensé (honte à moi, mais je n'ai que rarement couché sous la tente)... : Une copine dort nue entre les deux frères et Émile à un moment allume sa lampe de poche pour s'exciter de cette fille offrant sa nudité à son regard... éclairé ! Drôlement érotique et imaginatif...
Un amour naissant d’Émile auparavant s'était trouvé grâce aux maths, mais sans calcul et sans flèche d’Éros mais à la faveur d'une balle de ping-pong...

Pas complètement un hasard : le réalisateur jadis avait "la bosse des maths" et une maîtrise ad'hoc en poche ! Je ne sais par contre pas s'il était expert en tennis de table...
Mauvaise orientation de jeunesse ? Ivan n'a pas trouvé de débouchés professionnels, ni la quadrature du cercle ni assez d'espace dans la trigonométrie du même nom, pour aborder ensuite une carrière plus littéraire...Tant mieux pour nous.
Ma notation a frisé le "huit" car j'avais déjà apprécié le précédent méfait du même auteur : "L'étudiante et monsieur Henri" dans la même veine, et avec, là aussi, un casting aux petits oignons...
Malgré des progrès depuis son premier film à l'écran, Ivan calque peut-être un peu trop sa mise en scène à partir de ses romans, alors que, à contrario, le cinéma permet toutes les audaces...
Il y a des moments franchement rigolos dans ce film, mais pas suffisamment au point d'égaler un Dany Boon (entre autres) qui, modestement, avait suivi des cours pour perfectionner ses scénarii... ou encore un Claude Zidi de 87 balais en 2021 qui ne s'interdisait rien, pas même le ridicule... qui ne tue donc pas.
Bon sang c'est bien sûr, ce film ne ravira pas les amateurs d'un film de Polanski diffusé après ce film sur le service public... On est ici dans le comique bien franchouillard, genre feu "Thierry le Luron", son béret et sa baguette de pain en main : on aime ou on n'aime pas ! Moi je me suis détendu et j'ai bien apprécié cette comédie sans prétention autre que d'amuser, voire rêver... Ce dont on a bien besoin en ces temps de pandémie ou de guerre...
Cerise sur le gâteau, l'illustration musicale originale et rythmée de Laurent Aknin est bien meilleure que le chant des gondoliers... On a évité l'Opéra "La Fenice" de Venise qui était si tentateur ! Ouf, bravo d'avoir résisté !
Les chiens aboient : la caravane de Bernard, elle, est bien passée !
France 2 le 08.02.2021- France 2 le 08.10.2023-


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le 10 oct. 2023

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