Tous des pantins...

Vice est une réussite. Par ce qu'il est:
- Une charge anti-républicaine à travers la bio de ce politicard taiseux et malade très paradoxale qu'est Dick Cheney
- Un pur film de cinéma n'hésitant pas à jouer entre le présent et les flashbacks, bousculer le spectateur en brisant le quatrième mur pour le faire interagir, utilisé de nombreux artifices pour autant nous surprendre et remettre les choses à plat que pour faire passer la pilule.
Une claque passionnante de bout en bout qui nous triture les méninges en prenant le temps d'expliciter les situations, la place de chaque persos, utiliser un vocabulaire adapté. Le film est très documenté, hargneux, allant vers la caricature par le jeu de certains et repassant à la situation réelle la seconde d'après.
Adam Mckay continue à développer la mise en scène qu'il avait utiliser pour The Big Short tout en restant très grand cinéma classique comme ses comédies avec Will Ferell pouvaient l'être.
On suit les arcanes de la politique américaine par le biais de l'histoire de Cheney qui nous est conté en voix off. De ses débuts en tant que secrétaire de Donald Rumsfeld jusqu'au poste de vice-président sous G.W Bush en passant par ce qui a fait le sel de sa carrière et sa vie familiale très prégnante aussi, on voit tout un pan de l'histoire des States qui se déroulent sous nos yeux.
Christian Bale est excellent dans le rôle de Cheney. Tout en sobriété et laissant place à une transformation physique et maquillage du visage, on oublie que c'est lui et on ne voit que Dick Cheney. Il en va de même pour Amy Adams jouant sa femme su le même ton, tout en sobriété et classe. C'est en même temps leur histoire qui est mis en avant et une certaine idée du pouvoir et d'une manière de diriger les autres comme des pantins d’où le titre de ma critique. Dans le choix de l'équipe de collaborateur, la relation qui s'installe avec W, les ordres donnés, la guerre en Irak, la façon de la faire accepter. Tout n'est que échiquier, placement et pouvoir exécutif dans l'ombre avec l'idée de on se sert de tous ce qu'on a pour le faire accepter au peuple. Beaucoup de choses avait été divulgués au préalable et au fur et à mesure des années toutefois on en apprend encore:

Et bien d'autres aussi. Il y a énormément de faits égrené tout au long du film avec une désinvolture qui va vers la comédie caricaturale tout en revenant à la réalité l'instant d'après. La caricature passe aussi beaucoup par le jeu de Steve Carell en Donald Rumsfeld et Sam Rockwell en Georges W.Bush. Une vision à la fois caricatural cynique lié directement au point de vue adopter pour faire passer l'absurdité, la cruauté de certaines situations

Le récit se suit de manière limpide sans nous perdre. Le film atteint des sommets jusqu'à un final inquisiteur ne remettant pas en question le film mais voulant déstabiliser notre point de vue sur celui-ci et les actes de Dick Cheney.
Adam Mckay est un grand cinéaste qui évolue constamment. Sa filmographie est à suivre dans la continuité.
Son Vice est digne des grands Scorsese de l'époque, (Les Affranchis, Casino) et d'Oliver Stone quand il était à charge contre les institutions américaines.
Un film à voir et à revoir pour en saisir toutes les subtilités.