Vice-versa
7.5
Vice-versa

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Ronnie del Carmen (2015)

Mon coup de coeur de 2015. Tout simplement.

Vice-Versa et moi, c'est d'abord l'histoire d'une frustration. Pensez donc, je découvre que le prochain Pixar va sortir (ce qui déjà, me réjouis). Ensuite, je découvre qu'il va parler de manière intriguante... de psychologie. Là, je suis on ne peut plus heureuse, car justement, il se trouve que j'apprécie énormémment cette branche des sciences humaines que j'ai eu le plaisir d'étudier. Enfin, ça parle du passage à l'adolescence, un thême que j'aime particulièrement en ce moment. Mon attente a donc été immense à propos du film... que je n'ai jamais réussi à voir au cinéma ! Ma frustration étant immense, je me suis littéralement jetée sur la VOD, dépensant un argent qui manque en ce moment, pour un film que je n'avais jamais vu, risque qu'en tant normal, je ne prends jamais. Compte tenu des circonstances, toute déception aurait été terrible. Mais je n'ai pas été déçue d'un iota, le film réussissant même à dépasser mes attentes, d'où la note, car c'est vraiment très rare qu'un film que j'attends avec impatience me laisse sans voix à ce point. Certes, il y a sans doute des défauts, la perfection n'étant pas de ce monde, mais je ne peux qu'applaudir devant un tel déferlement d'intelligence et... d'émotions.


Vice-Versa, donc, c'est l'histoire d'une petite fille de onze ans qui devient adolescente suite à un déménagement très difficile pour elle. Et... c'est tout. Sauf que c'est surtout l'histoire de ses émotions qui cherchent à s'adapter à sa vie nouvelle et qui cherchent aussi, et surtout, à retrouver l'enfance en perdition de la jeune fille, avant de s'incliner face à l'inévitable. C'est ainsi une sorte de cours de psychologie du développement, ce qui peut être déroutant soit, mais en plus simple, et en beaucoup plus drôle heureusement. Plus émouvant, aussi.


Par quoi commencer... l'idée de départ ? La façon dont c'est traité ? Oui, on va faire ça. Selon l'histoire bien connue, le génie qui a eu l'idée du film l'a eu en observant sa propre fille se "renfrogner" à l'age de 11 ans et passer à l'adolescence. Il s'est donc demandé ce qui se passait dans sa tête et par extension, a commencé à se souvenir de sa propre adolescence et ses changements. Ainsi, le scénario est on ne peut plus simple : une petite fille, Riley, déménage de son Minnesota natal pour San Francisco. Bouleversée par ce changement brutal de vie et la perte de tous ses repères, elle perd peu à peu sa joie de vivre et surtout, son enfance (symbolisée dans le film par l'ami imaginaire). Dans sa tête, ses émotions, (Joie, Tristesse, Peur, Dégout, et Colère), qui la guident depuis sa naissance, tentent donc de l'aider à s'adapter et à reprendre gout en la vie. Le film fait donc des allers-retours constants entre l'enfant dans son environnement et ses émotions, afin de bien montrer comment les unes interragissent avec l'autre. J'avais peur au début de ces allers retours, mais finalement, le tout est assez bien fait pour que ce ne soit pas trop gênant ni trop agaçant. On se fait rapidement à la mécanique qui fait, au final, toute l'originalité de l'oeuvre. La psychologie de Riley est décortiquée avec une sorte de réalisme simplifié. En effet, quand on connait le fonctionnement du cerveau, on se régale, tout simplement, à repérer les éléments que l'on a étudié. Le travail de recherches a sans doute été important, et on retrouve des éléments issus autant des théories psychanalytiques (le subconscient, mais aussi l'agencement de l'esprit en "instances") que de la neuropsychologie (la conduction saltatoire de l'influx nerveux est représentée). On peut noter aussi beaucoup de formes hélicoidales (ça se dit ?), comme celle de l'ADN, au sein du quartier général. Néanmoins, l'apparence des émotions comme celle des différents "mondes" sont entièrement nouvelles et permettent de belles trouvailles visuelles devant lesquelles on s'émerveille, tant c'est inventif. Mention spéciale à la Pensée Abstraite, complètement et joyeusement barrée ! On s'amuse donc a chaque instant face à tant de beauté et d'inventivité visuelle, soutenue par une animation impeccable.


Une chose est certaine : Vice Versa est sans aucun doute le Pixar le plus adulte jamais réalisé. La dépression y est montrée sans détour, avec une belle justesse, qui je trouve, parle beaucoup quand on a eu la malchance de vivre une grosse souffrance à l'adolescence. La disparition des centres d'intérêts, la perte de la joie mais aussi de la capacité à pleurer, la perte de personnalité, de ce qui était important pour nous avant... le thème est bien amené. On peut trouver un coté pessimiste au film, c'est vrai, mais je ne le qualifierais que de réaliste. Le final est en ce sens proprement bouleversant, nous attachant irrémédiablement à la petite fille (ce qui était un peu difficile avant), et faisant couler les larmes des plus sensibles d'entre nous, mais seulement celles des adultes, qui seuls comprendront la portée émotionnelle que le film porte tout entier, et ce dès la première scène montrant la naissance de Riley, puis son enfance. Chaque scène avec les souvenirs de la petite enfance de Riley sont porteurs d'un fort potentiel émotionnel pour les émotifs et les nostalgiques, bref, on peut vraiment pleurer.


Heueusement, le film n'en reste pas à cette lecture triste du passage à l'adolescence et de l'analyse psychologique. Le final est optimiste et lumineux. Et surtout, ce film est drôle, très drôle. L'humour abonde du moment ou on plonge dans l'esprit. On en trouve à tous les niveaux. Les enfants, même si ce film ne s'adresse pas vraiment à eux, riront des facéties des trois émotions les plus comiques que sont Dégout, Peur et Colère, quand les adultes éclateront de rire devant les blagues plus subtiles ou complexes. Les incursions dans l'esprit des autres humains (ou pas, d'ailleurs) et le running-gag de la "chanson dans la tête", par exemple, sont à mourir de rire. Ainsi, si le thème est sérieux, on rit tant que l'on passe un très bon moment. Les émotions, encore une fois, sont bien équilibrées. De plus, un autre degré de lecture moins grave, mais intéressant, interroge la place de la tristesse dans nos vies, et introduit la notion de rejet et d'acceptation d'autrui, à travers le personnage de Tristesse, qui sera de plus en plus respectée par les autes émotions au fil de l'aventure.


Enfin, on peut souligner la beauté simple de la musique. Assez répétitive, mais jolie et soutenant merveilleusement l'histoire, on l'écoute avec plaisir après le film. J'apprécie particulièrement la simplicité déchirante du morceau "Joy turns to Sadness".


Ce film est mon favori de Pixar. Y a t'il des défauts dans ce film ? Bien sur ! Mais je leur pardonne leur présence devant ce véritable petit bijou d'animation qui sera désormais l'un de ces films qui m'auront marqué et bouleversée. J'assume donc totalement le fait de ne pas avoir fait une véritable critique. C'est comme ça quand on aime...

Presci1508
10
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Créée

le 7 mars 2016

Critique lue 256 fois

Presci1508

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