Sans doute à réserver aux amateurs d'expériences atypiques, il s'agit d'un film allemand composé d'un unique plan séquence d'environ 2h15. On y suit la nuit de Victoria, jeune espagnole vivant à Berlin, qui s'embarque dans une histoire risquant fort de déraper avec 4 jeunes berlinois. Le film installe une ambiance pesante, à travers le plan séquence lui-même, mais également par le biais d'un rythme lent favorisant l'appréhension (même s'il faut reconnaître que cette lenteur sert le film autant qu'elle le dessert, car elle impose quelques longueurs, notamment sur la fin, qui traîne beaucoup). Il parvient également régulièrement à surprendre le spectateur en l'amenant là où il ne s'y attend pas. Surtout, il impressionne techniquement, le plan séquence (légitime dans ce qu'il raconte, étant vecteur d'intensité - ce qui est plus ou moins le sujet du film) démarrant dans une boîte de nuit et se déplaçant ensuite sans cesse : en voiture, dans un ascenseur, sur le toit d'un immeuble, dans un garage... on a l'impression de traverser la ville sans jamais couper, la caméra accompagnant les personnages et tournoyant autour d'eux (et, parfois, s'agitant même un peu trop). Une expérience très intéressante.