Vincent n'a pas d'écaille, il est donc comme tout le monde, à ceci près qu'il voit ses forces décupler lorsqu'il se trouve au contact de l'eau. Avec ce titre, Thomas Salvador insiste sur le fait que son super-héros appartient à un monde super-normal, ce qui diffère déjà des blockbusters américains habitués du genre. Pas de supers vilains ni une menace apocalyptique sur le monde. Vincent débarque dans le sud de la France, trouve un logement et un petit boulot, et rencontre une fille à qui il dévoile son secret.
''Garanti 100% numérique'', Vincent n'a pas d'écaille se libère donc de tout effets spéciaux venant perturber la pureté de l'image filmée. Ici l'image montre ce qui a été réellement filmé, c'est de la pure réalité, sans manipulation, conforme à la règle du montage interdit cher à Bazin. Ce n'est pas peu dire que d'affirmer que Thomas Salvador revient à une essence du cinéma dont les films de super-héros se fichaient insensiblement jusqu'à alors. Avec un art de la mise en scène et du montage, Thomas Salvador réussit à faire entrer de l'extraordinaire (le super-héros) dans l'ordinaire (le décor du sud de la France) tout en filmant le monde sans ''trafiquer'' la moindre image. Quelques ficelles ou trampolines effacés viennent faire de l'ombre à ce portrait idyllique mais qu'importe, Thomas Salvador a compris le pouvoir créateur du 7e art et a su en faire usage en faisant du cinéma.
Si le scénario pêche par son manque de rebondissements, formellement, le film est une véritable réussite. Vincent n'a pas d'écaille est un de ces premiers films qui prouvent une fois de plus que faire du cinéma est avant tout une affaire de talents, de débrouilles et d'idées, avant d'être une histoire d'argent.