Cyberjack fait partie pour moi d’une catégorie un peu spéciale, à savoir les films que j’ai regardés, parfois plusieurs fois, parfois à moitié, en zappant, dont j’ai oublié ou jamais su les titres, et dont je ne garde que des vagues souvenirs et des impressions d’ambiance, souvent faussées. Longtemps j’avais confondu celui-là avec Demolition Man, à cause de l’attitude similaire du méchant et de la blondeur de ses cheveux (quoique Brion James, en plus d’être lui-même blanc, les a ici totalement blancs). Puis j’avais acheté Demolition Man, et ça n’avait pas grand’chose à voir. Et voilà qu’en cherchant des films moisis des années 90, en plein essor des cassettes et des vidéoclubs, fauchés, inintéressants, oubliés car n’ayant aucune qualité artistique transcendante sauf le plaisir immédiat et ces clichés qu’on aime retrouver comme de vieux amis, mais parmi lesquels sont dissimulées quelques perles injustement ignorées ou du moins des séries B honnêtes et efficaces, je tombe sur Cyberjack. Immédiatement (enfin, après avoir vu la bande-annonce), je reconnais l’objet réel de ma mémoire lacunaire.


D’abord je suis enthousiaste. Une ambiance cyberpunk très sympa est créée dans la première partie du film: des bus volants côtoient des voitures contemporaines et traversent des publicités holographiques, des gratte-ciel baignent dans le du crépuscule qui n’éclaire pourtant pas les rues malfamées, la mode cyberpunk se mêle au tourbillon de cultures (notamment la copine du méchant avec son corset-plastron en aluminium aux seins saillants, et quasiment tout le reste du corps nu, j’en suis encore ébahi), et des laboratoires de haute technologie expérimentent avec ce qui les dépasse, comme ce virus informatique qui possède une intelligence, parce qu’il est intégré à du protoplasma neurologique [sic] mais qui en fait est très instable et qui qui sert d’antivirus [sic] quand même. Tout le reste y est aussi, je veux dire pour un film humble mais potentiellement efficace à la fois par ses effets spéciaux minimalistes (notamment la navette et les plans nocturnes de la ville rendent bien je trouve) et par des scènes d’action nerveuses scandées de cascades authentiques.


Le héros est un ancien policier dont la coéquipière s’est faite tuer par Brion James, qui l’a aussi rendu invalide et obligé à travailler en tant que ingénieur custodiaire [sic] (homme de ménage en fait) pour un immense et riche laboratoire (5 étages quoi!). Il s’oppose à un méchant over the top, au look improbable. Une jolie fille rousse (Kaiser), son père savant enthousiaste (qui a développé le virus antivirus [sic putain!]), un chinois de service, un gros vieux noir qui meurt en premier complètent la liste des protagonistes. Après la présentation du rôle de chacun vient la situation attendue qui devrait déboucher, si tout se passe bien, à un truc marrant à regarder: un groupe de cyberjacks (genre de voleurs de cybertechnologie) entre de force dans le bâtiment, tuent le noir mais aussi l’hispanique de service, prennent les savants en otage, bloquent les issues mais manquent l’homme de ménage, Michael Dudikoff, qui va a priori leur mettre la raclée d’une façon badass!


Sauf que ça marche pas. Sauf que c’est de la merde. À la place de fusillades ou de combats d’arts martiaux, le héros semble essayer d’être le moins efficace possible, et ne fait que courir, ramper, écouter la radio (il est fan d’une équipe de baseball et veut à tout prix savoir la fin du match (je roule les yeux...)), et éviter les méchants. Il n’y a aucun combat, aucune fusillade digne de ce nom, pas même de punch-lines qui sauveraient un peu les meubles (ou alors c’est la façon totalement non impliquée de Dudikoff de dire ses répliques)... C’est juste long, chiant et vide. L’ambiance disparaît au profit d’un film de couloirs blancs (ou noirs) le plus ennuyant. Les seuls moments bien sont avec Brion James et la rousse (parce qu’elle est jolie et que ya des moments où elle joue passablement... ahem). Dudikoff se fond plutôt dans le décor. Sérieusement, même après l’arrivée de la police et le transfert tant attendu du virus maléfique dans le corps du méchant ne relève pas le rythme. Seul le passage avec le drone indestructible est pas mal, mais tout aussi mou que le reste.


En gros, l’histoire s’étire à la place de se densifier et les scènes clés sont toutes ratées, oubliant le suspense, la satisfaction de voir le héros gagner, les cascades, et les idées en général. La fin illustre à merveille cette tendance consternante: aucun affrontement avec le méchant Brion James, devenu super méchant, il finit juste avec une balle dans la tête, flegmatiquement, et le virus qui s’en échappe est éradiqué en une minute de bloubiboulga informatique. Le héros reprend son badge de policier et chope la rousse. Tout ça dans mon indifférence totale.


Au final, même avec un scénario un peu plus varié et abouti (c’est-à-dire que le potentiel y était, comme souvent), si les dialogues et les scènes d’action restaient au même niveau, ça n’aurait servi à rien. Là, rien n’est investi pour le spectateur.


Étonnamment, la musique est bonne et atmosphérique (et m’a rappelé quelque morceau de Powerglove), ainsi que le jeu de Brion James, charismatique (comparé au reste du casting). Je mets un point pour ça. L’ambiance cyberpunk est établie de façon minimaliste mais suffisante pour ce qu’est le film, donc 0.75 pour ça. Et la rousse jouait bien au début (et désastreusement à la fin — peut-être voulait-elle juste rentrer chez elle à la fin du tournage, ou récupérer son chèque), donc 0.25. Et pour que le calcul ne soit pas faussé, je rajoute 0 points pour la prestation de Dudikoff, qui ne joue rien.

Owen_Flawers
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le 13 juin 2015

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Owen_Flawers

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