Un trailer sommaire, mais alléchant, lâché sur la toile, une affiche qui attirait autant qu'elle nous faisait craindre de se retrouver devant un produit aussi grotesque que Green Lantern, mais quoiqu'il en soit ce Ra.One faisait trépigner d'impatience les amateurs de Bollywood tout comme les plus déviants d'entre-nous.
Bonne surprise, le film n'est pas con, seconde bonne surprise, les costumes fluos sont vites dégagés pour des tenues plus passe-partout, et troisième bonne surprise, il divertit globalement plutôt bien.
Depuis des années le cinéma bricole des histoires tentant de faire fusionner monde virtuel et monde réel, mais beaucoup avaient échoué sur ce point, sortant des élucubrations improbables (Resurrection of The Little Match Girl était pas mal, mais très con à ce niveau), mais les scénaristes de Ra.One ont eu la bonne idée de débuter leur histoire avec une petite intro didactique, où la technologie de matérialisation d'objets virtuels est expliquée. En gros les ordinateurs affichent des choses virtuelles mais qui pour les recevoir les font d'abord transiter par des ondes (systèmes WiFi), signifiant qu'à un moment elles sont volatiles, et donc réelles, ce qui implique une possibilité de s'en servir pour y projeter des éléments afin de les rendre tout aussi aussi réels. Avouez que c'est plus sympathique que de s'insérer un objet phallique dans le crâne, ne trouvez-vous pas ?


Pour la suite, Ra.One opte pour la touche geek puissance 10.000, offrant une pléthore de références parfois faciles à déceler pour le néophyte (le « I'll be back » de l'ingénieur bourré en train de déconner, l'atterrissage de G.One au sol façon Blade, le cœur des héros qui rappelle celui de Tony Stark) et d'autres plus subtiles (Combat écrit avec un « K »), ainsi que tout un tas de blagues aussi stupides qu'elles feront pouffer de rire (« j'ai tué Spiderman au Baygon »). Et puis il y a le nerf central du film, l'univers du jeu-vidéo, avec comme antagoniste Ra.One, qui ne veut pas rester cloîtré dans le cyberspace, et s'en échappera pour tuer son adversaire, qui n'est autre que le fils du concepteur du jeu, qui l'avait quitté en pleine partie. Par très drôle durant cette partie, Ra.One tuera le père, un des programmeurs principaux (ainsi que sa mère), et pourchassera le jeune mioche, qui sera défendu par G.One, sorti lui aussi du jeu afin de le protéger. S'en suit une course poursuite suivant à peu de choses prêts la trame narrative de Terminator 2. Grosses scènes d'actions, accalmie avec rapprochement amical entre le « robot » et le kid (qui lui sort les doigts du cul comme le faisait John Connor), puis une dernière partie enchaînant les affrontements, à cela prêt que G.One est un clone virtuel du père, développant des sentiments, afin de servir une romance (comme tout bon film Bollywood qui se respecte) avec la sublime Kareena Kapoor.


Bref, Ra.One est évidemment supérieur à Green Lantern, il arrive à emprunter sans non plus faire un simple copier-coller hébétée (à l'inverse de Sucker Punch), et avant-tout, diverti. Il diverti dans ses scènes d'actions, dans sa romance, dans sa comédie, dans ses chants, en somme un beau melting-pot faisant s'entrechoquer Bollywood et — le bon — Hollywood (d'où l'hommage à Schwarzy, mais aussi Matrix et j'en passe...).
Dans leur grande majorité les CGI sont plutôt bien foutus, bien que parfois inégaux, mais réussissent à servir quelques bons moments d'anthologie (la scène de tumbling de toits en toits de trains assure pas mal, tout comme les plans en macro-shot des cubes reformant en high-dynamics les corps de nos deux personnages virtuels, ainsi qu'une bataille de lancers de voitures pas piquée des vers).
L'humour reste du niveau de ce que Bollywood peut offrir, alternant entre efficace, puéril et franchement plat (pour pas dire con), mais certaines répliques réussissent à faire mouche, notamment lors de la choré où G.One et Kareena Kapoor affrontent des loubards et où l'un des témoins lance « love at the first fight ! ».
Tout cette fusion le laissait présager, l'ajout d'effets-spéciaux a diminué le nombre de chansons (c'est une super-production de 25 millions de dollars, donc la durée a été réduite, la moyenne se situant dans les 3 heures, et les chansons divisées par deux afin de ne pas faire fuir l'occidental, et d'ailleurs un des thèmes sera une version Hindi de Stand By Me), ceci permettant, tout comme les deux dimensions du film film, de faire cohabiter deux univers, et ne l'oublions pas, le but n'est pas de ridiculiser Hollywood, ou tenter de le surpasser, simplement de contenter un public qui rêvait depuis longtemps de voir cette fusion se faire (d'ailleurs la production est partagée entre les Etats-Unis et l'Inde).


Seul reproche, la profusion d'objets publicitaires placés par les sponsors (PS3, Nvidia, etc etc), mais bon, l'argent ça se trouve pas sous la peau de l'ours. Autre point, le concept n'est pas si nouveau que cela, et a déjà été vu dans Samouraïs ou Gamer, et le seul point qui permette d'éviter d'hurler au plagiat, c'est qu'il réussisse à l'exploiter intelligemment, à l'inverse de ces productions qui atteignirent un niveau abyssal dépassant les pires Boll.
Pour conclure, les amateurs de ces deux types de productions seront ravis d'accueillir ce blockbuster qui réussit enfin à marier avec « élégance » l'est et l'ouest (mieux en tout cas que le faisait Kambakkht Ishq). Les plus sectaires de l'un ou l'autre pesteront contre cette cohabitation, mais le monsieur tout le monde réussira à maintenir les yeux ouverts et y trouvera forcément son compte, tant la pellicule réussit à mélanger les genres.
Mention spéciale pour Kareena Kapoor, déjà parce que j'en suis fan, mais aussi parce qu'elle est l'élément féminin élégant, gracieux et renversant qui était indispensable à la pellicule, afin de rééquilibrer la balance, majoritairement écrasée d'un côté par une quasi omniprésence masculine. Love at the first fight qu'on vous disait !
SlashersHouse
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le 17 nov. 2011

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