Rossellini ou la métaphore des amants de pompéi.

Scénario :
Suite au décès d'un oncle, un couple anglais se retrouve en visite à Naples. C'est la première fois qu'ils prennent des vacances seuls, ce qui semble leur déplaire. Alors que monsieur tente de trouver une raison à sa venue ici, madame part dans certains musées qui avaient été vantées autrefois par un de ses ex.


Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film"



En tant que sujet d'étude :



Le voyage en Italie est le film j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Roberto Rossellini un réalisateur dont je ne connaissais rien.


Pour le coup, on est dans l'histoire intime et psychologique matinée de carte postale. En effet, les divers lieux visités par Ingrid Bergman renvoit à ses sentiments psychologiques vis à vis de son couple : nudité des statues (désirs sexuels renaissant) les femmes enceinte (désir d'enfant) jusqu'au corps des amants de pompéi (peur de voir disparaitre son couple.) Georges Sanders fait ce qu'on attend de lui : il négocie la vente d'une maison et lorsqu'il part "s'amuser" ne sort pas de son sérieux.


Le film avait été improvisé par Rossellini à partir d'un canevas vaguement basé sur le livre Duo de Colette, et on sent que l'idée était de se faire plaisir en faisant un film mélangeant prises de vues de l'Italie des années 50, carte postale et film sur les rapports de couple. A l'époque le réalisateur et Bergman entame une liaison et elle sera un peu la muse de ses films. Le tournage improvisé ne sera pas trop du gout de l'actrice et de Georges Sanders qui se demandaient parfois ce qu'ils foutaient là et n'aimaient pas trop ignorer la veille ce qu'ils allaient tourner le lendemain et quoi faire.


Pour le coup, la visite de Pompéi est d'époque (une découverte venait d'y être faite) et on sent que le film tenait à garder un côté presque documentaire parfois. A noter que je ne sais pas si c'est une fantaisies du réalisateur ou si ça se passait comme ça dans les musées italiens de l'époque, mais Ingrid Bergman est seule face au guide, ce qui renvoit aussi à son état d'esprits, ceux-ci étaient franchement peu "neutre" sur les oeuvres qu'ils montrent.



Mon avis personnel :



Comme d'habitude, si je comprends les intentions de base, c'est pas pour autant que ça m'a plu. Je le classe dans la catégorie "pas désagréable mais pas passionnant non plus" et le fait que le film soit assez clair dans son propos et dans ses scènes est un plus. Je m'étais pris à penser qu'ils auraient pu le rendre bien plus cryptique que ça et que "pour une fois" on faisait dans le compréhensible. Je dois avouer toutefois que pour la première fois depuis longtemps j'ai eu une absence devant un film : à un quart d'heures de la fin, je suis revenu en arrière en m'apercevant que j'avais complètement zappé les 7 minutes que je venais de voir. C'est dire.


Il faut dire que je trouve le couple Bergman / Sanders chiant comme la pluie (qui ne tombe jamais sur ce film) et que dès le début, ils offrent une vision du couple assez froide : madame conduit, monsieur rale ou dort. Ils roulent depuis des heures mais n'ont strictement rien à se dire. On sent une forme de distance à tout bout de champs entre les deux, et je n'arrive pas à croire à leur rabibochage de fin de film.


Encore une fois ça en dit plus sur la vision des rapports hommes/femmes à la fin des années 50 : madame doit attendre les désirs de monsieur, découvre la sexualité en regardant les statues, tandis que monsieur est impassibles mais peut décider sur un coup de tête de "partir s'amuser ailleurs, voire de fréquenter d'autre femme, c'est pas grave, parce qu'il est raisonnable. Même quand il ramasse une personne qui semble visiblement faire le tapin, c'est pour discuter avec elle et la réconforter.


Après, avec ce film je marque enfin une étape : depuis 6 ans que j'essaye de faire ma culture cinématographique, c'est le dernier film de cinéma italien de la liste et je me suis senti soulagé de ne pas peut-être plus jamais regarder un film de cinéma italien de ma vie. Je crois qu'au final, je déteste la vision du couple (et un peu de la femme) offerte par le cinéma européen des années 50 à 70 : des rapports bourgeois, où l'émancipation de la femme est vue comme une mauvaise chose et où l'homme est vu comme le pivot de la relation. On sent qu'il y avait uniquement que des hommes derrière la caméra, le scénario, la production, etc... C'est quand même dingue que je me sens plus proche des couples formés dans des animés romantiques adolescent japonais que dans un seul film de cette période et les italiens sont de loin les pires.


Bref, niveau Voyage en Italie, je préfère largement la chanson de Lilicub (ou le clip Ti Amo de Phoenix.)

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le 4 avr. 2021

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