Impossible ! Décidément impossible, et même si j'essayais pendant cinq minutes, il m'est impossible de bouder le travail du génie Terrence Malick.
L'homme qui aura attendu 20 années entre Les Moissons du Ciel et La Ligne Rouge a bien changé, son rythme est devenu dingue, et pourtant il soigne toujours autant ses œuvres. Après avoir été émerveillé au cinéma avec Song to Song il y a quelques semaines, j'ai enfin pu poser les yeux sur son documentaire, celui que j'ai bêtement raté au cinéma... Il était temps qu'il rejoigne ses copains blu ray sur mon étagère, une haute définition est purement indispensable pour profiter au mieux du travail de Terrence.


Ce qui m'a le plus étonné à l'annonce de la sortie de ce documentaire sur lequel Malick bossait depuis au moins quarante ans, c'est cette durée, 1h30... Lui qui est un habitué du montage long, fignolé, qui dispose en général de huit heures de rush pour ses films, je n'imagine même pas le nombre pour ce docu, il nous réservait seulement une petite heure et demie pour tout ce travail. Malgré tout, passé ce sentiment de déception puisque j'en veux toujours plus, je savais que je pouvais compter sur le père Terry, il ne m'a que tellement peu, voir jamais déçu depuis La Ligne Rouge, que je pouvais y aller les yeux fermés... enfin non, avec les yeux grands ouverts plutôt. Puis au final la durée est parfaite, rien n'est bâclé et l'ennui n'est jamais présent.


Si nous avions déjà eu un gros aperçu de la naissance du monde via le sublimissime The Tree of Life, ici nous y allons plus en détails, passant par les plus grands moments, les plus beaux, les plus purs. Chaque image, chaque plan est une claque, violente et douce à la fois, d'une justesse incroyable. Malick sait depuis toujours comment capter et filmer la nature, et ici il en révèle toute la complexité et la richesse. Filmant aux quatre coins du monde et particulièrement en Islande où les terres sont assez primitives.
L'éternelle nature, qui nous a précédé et nous succédera à nous, humains, montrés d'ailleurs à plusieurs reprises par le biais d'anciennes images, probablement tournées il y a plusieurs années. Une fois encore le contraste est là, tout comme dans son film de guerre sorti en 1998, la beauté de la nature face au désenchantement humain, la seule espèce capable du meilleur comme du pire, et surtout du pire.


Il est difficilement possible d’apposer des mots sur une telle expérience, je n'ai pu détourner mon regard de la télévision, j'étais bloqué, bluffé et emporté dans ce tourbillon de vie, bercé par les interventions douces et rares de Cate Blanchett, attrapé au cœur par cette bande son poétique.
Une atmosphère vivante, comment ne pas être ébloui par tant de richesse, de beauté ? Alors forcément si l’on n’entre pas dans le trip temporel, on se retrouve vite jeté à la porte, où l'ennui attendra surement. Il est évidement que Malick ne cherche pas à amuser, divertir, voir même philosopher prétentieusement, il est là au contraire pour glisser des images sur ce que l'humain ne verra jamais, la naissance et l'évolution de notre planète.
Il évite d'ailleurs toute la partie connue de notre évolution, toute la partie où l'homme à vécu, ce qui est fort ingénieux, pour ne plus laisser que l'ouverture et la possible mort de notre grand caillou rond.


Pour coller à ce réalisme de la vie, qu’elle soit végétale ou animale, Malick a énormément potassé, tout en demandant l'aide précieuse de scientifiques et autres documentalistes, il n'est même pas étonnant de voir le nom de Jacques Perrin apparaître. Des images du documentaire Océans sont d'ailleurs reprises si je ne dis pas de bêtises.
Ce film est donc scientifiquement logique, tout en ajoutant quelques éléments percutants et saisissants. Même techniquement, les scènes de big bang et toutes ces choses impossibles à filmer ne sont pas de simples CGI, le module de cinq minutes présent sur le blu ray, consacré aux effets spéciaux le montre bien, beaucoup de maquettes et énormément de rendus manuels, sans oublier les images satellites, notamment pour le soleil.


En bref, je n'ai, je crois, jamais vu un documentaire aussi beau et complet, retransmettant aussi fidèlement que possible la complexité de la vie. Toutes ces espèces, ces paysages, rien n'est pareil, rien n'a de logique précise, et pourtant l'évolution est là, bien réelle, tout s'est associé pour que ce monde tienne, dure, en espérant que l'homme ne le détruise pas bêtement et égoïstement, la partie la plus compliquée sans aucun doute.


A la merveille !

-MC

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