Alors que je regarde quels films j'ai bien pu manquer cette année au cinéma je remarque que Malick a sorti deux films cette années, dont le fameux Voyage of Time dont on parle depuis la sortie (et la palme d'or) de Tree of Life en 2011, voilà déjà plus de six ans.
Le film déboule en deux versions, une courte pour les écrans IMAX et une version longue pour les prolos n'ayant pas d'écran IMAX à proximité, c'est celle-la que j'ai vue. Et c'était bien. Je suis fâché avec le cinéma de Malick depuis Tree of Life dont toute la partie avec la famille m'avait ennuyée au possible, j'avais détesté To the Wonder, mais Knight of Cups redressait un peu la barre. Mais vu qu'ici c'est un peu le meilleur moment de Tree of Life, à savoir la création du monde, étalée pendant 1h30, ben c'est plutôt pas mal du tout.
Déjà visuellement c'est beau. J'ai entendu qu'il a piqué des images à Jacques Perrin et son Océans, du coup ça me donne envie de voir ce dernier, car vraiment même si des images sont récupérées il y a une homogénéité visuelle et c'est vraiment splendide. On retrouve toujours le même type de plan, des travelling avant principalement, on a moins de contre-plongée vers le soleil que d'habitude (c'est un bon point donc), on garde une voix off qui est censée se faire poser des questions existentielles sur le rôle de la "divine" nature. Ce n'est pas forcément ce que j'ai préféré étant donné que techniquement je vois ça comme un mensonge, d'ailleurs s'en est un. Malick présente la nature comme étant belle, douce, pleine d'amour... Cette forme de panthéisme c'est un peu soit de la naïveté, soit de la bêtise et vu à quel point il y va fort, je pencherais sur la bêtise. Un cinéaste comme Herzog me semble bien plus proche de représenter ce qu'est réellement la nature, quelque chose qui fait mal, qui n'a pas de sens, qui tue. En fait là Malick est un peu le Grizzly Man du film éponyme. Le type qui est persuadé que le monde est beau et qui finit bouffé par cette même nature.
Mais à part ça, c'est réellement saisissant. On a un réellement doux, apaisant, la musique est assez discrète en générale, voire se coupe parfois tout à fiat, laissant le spectateur façon à ces images racontant le déroulement de la vie sur Terre.
J'avoue avoir eu un peu peur de l'effet "fond d'écran" et qu'en fait ça soit juste une série de fonds d'écrans plutôt soignés qui défilent, mais malgré tout il y a une narration, discrète, mais le film raconte toujours quelque chose, les images ont un sens entre elles.
Je n'ai pas nécessairement été touché par une grâce quelconque, mais je suis sorti du film calme et apaisé, comme hypnotisé par ces images, certes elles sont naïves, mais le rythme très lent du film empêche autre chose que l'émerveillement par cette nature que Malick semble tant adorer. On a un beau film d'un grand naïf, majestueux, qui prend finalement le contrepied d'autres films (peut-être plus réussis car plus libres d'interprétations, plus conscients de l'humanité et de ce qu'elle est réellement, sans idéalisation) comme ceux de Reggio avec Koyaanisqatsi.
Mais ça restait un plaisir fou d'une heure et demie de voyager justement à travers l'espace et le temps et d'atteindre malgré tout une certaine forme de sérénité et de calme.