Voyage vers Agartha
6.7
Voyage vers Agartha

Long-métrage d'animation de Makoto Shinkai (2011)

Un film à déconseiller formellement aux aveugles !

Makoto Shinkai est un réalisateur dont j’ai entendu parler presque par hasard au début des années 2000. C’est un ami qui m’a dit un jour : « Hé, Seb ! Il faut absolument que tu regardes ça, c’est juste magnifique ». C’était « Her and her cat », un court métrage sympathique au niveau de l’histoire mais surtout bourré de talent au niveau de la qualité des dessins. Mais c’est surtout avec « Hoshi no Koe » que j’ai vraiment commencé à apprécier le bonhomme. Cette histoire de SMS interstellaires m’avait ému et était, à nouveau, sublimée par une esthétique absolument splendide. Bref, j’aime vraiment beaucoup ses courts et ses moyens métrages.


« Voyage vers Agartha » ou « Hoshi wo Ou Kodomo » en japonais, que l’on pourrait traduire par « L’Enfant qui court après les étoiles », est le 3ème long métrage de Makoto Shinkai après La Tour au-delà des nuages et surtout 5cm par seconde qui était très bon. Ce film garde bien sûr les qualités visuelles des autres productions. Rendez-vous compte quand même que c’est ma femme qui m’a demandé qu’on le regarde parce que je voulais juste voir si le film fonctionnait sans souci sur mon lecteur et qu’elle a eu envie de le voir juste parce qu’il est super beau !


Malheureusement, pour moi, Voyage vers Agartha n’a qu’une seule qualité : la beauté de ses dessins, cette patte si magnifique de son auteur que l’on reconnaît tant elle détonne de la production lambda. A se demander comment lui et son équipe arrivent à faire des longs métrages de cette qualité esthétique sans exploser les budgets et en gardant une animation tout à fait correcte. En effet, rien ne m’a surpris de ce côté contrairement à l’animation des OAV de Lodoss dans lesquelles les animateurs ont clairement lutté pour garder la qualité des charadesigns de Yûki Nobuteru en animant très peu les personnages, réutilisant à outrance les mêmes séquences d’animation pour les scènes de bataille,…


Malgré tout l’admiration que je voue à Makoto Shinkai pour son talent artistique, cela ne suffit pas pour faire un bon film. Mis à part les dessins et les doublages (qui sont eux dans la norme), le reste m’a quand même déçu.


L’histoire est à la fois banale et confuse, c’est tout de même un comble :
Asuna est une jeune fille solitaire qui passe son temps à écouter la radio perchée sur la montagne. Elle s’y fera attaquer par un monstre et devra son salut à Shun, un habitant d’Agartha. De là s’ensuit un voyage vers ledit monde en compagnie de son professeur.


Certes, on sent que le monde en question est plein d’histoire avec les interactions malheureuses entre eux et les Gens d’en Haut, que leur monde en ruines est à reconstruire, que les relations entre les différentes tribus sont plus que complexes,… Mais plusieurs questions restent inexpliquées : à quoi sert le personnage de l’inspecteur qui nous est présenté puis est presqu’immédiatement oublié ? Que s’est-il exactement passé entre Agartha et les Gens d’en Haut ? Pourquoi Asuna est-elle partie ? Cette question est explicitement posée durant le film mais pas répondue de façon satisfaisante selon moi.


Le plus gros reproche que je ferai à l’histoire est son rythme. Au lieu de passer tant de temps à instaurer des ambiances et des décors, ils auraient mieux fait de raccourcir le film car deux heures, c’était trop, je pense. Faire un film d’1h20 mieux rythmé et moins confus aurait mieux valu, me semble-t-il.


Il faut ajouter à cela des musiques bien faites mais quelconques car on a l’impression d’avoir entendu ces thèmes et ces orchestrations partout ailleurs et des personnages tout droit sortis des films de Miyazaki : entre Shun qui ressemble à un mélange de Hauru du Château ambulant et Hauku du Voyage de Chihiro et les monstres qui sont tout droits sortis de Mononoke Hime, ça nous a bien fait rigoler pendant le film et je ne pense pas que ce fut l’intention du réalisateur.


Au final, on a ici un film qui n’est sauvé que par ses qualités esthétiques mais si c’est pour ça, autant regarder les courts métrages du Monsieur qui sont nettement plus réussis !

sseb22
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le 11 déc. 2012

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