Walk the Line par batman1985
James Mangold fait partie de ces cinéastes qui parviennent à faire gentiment leur nom dans le monde du septième art. Sans être réellement exceptionnel, le monsieur a tout de même réussi quelques oeuvres très sympathiques voire même très réussies. De plus, Mangold s'essaie à tous les genres que ce soit au film d'action avec Copland, au drame (Une vie volée) en passant par le thriller (Identity). Ce n'est donc pas étonnat de le voir s'attaquer à tout autre chose avec le biopic de l'un des plus célèbre chanteur américain, à savoir Johnny Cash, chanteur country à la voix remarquable mais également très grand guitariste (la chanson One en est le plus grand exemple). En fait, on pourrait même dire qu'il s'attaque à deux chanteurs puisque June Carter, qui opérait également dans la country, n'est pas oubliée. Mais le personnage central du film reste bel et bien Johnny Cash. Enfin, c'est probablement avec Walk the line (c'est le titre d'une chanson de Cash) que Mangold s'est fait le plus connaître du grand public.
En effet, l'oeuvre bénéficia d'un bon tremplin grâce aux oscars et à la récompense de Reese Witherspoon pour son rôle. Elle remporta aussi un Gloden Globe et un Bafta. On notera aussi que Shelby Lynne qui joue le rôle de la mère de Cash dans le film est une une chanteuse rock qui réalise ici ses débuts au cinéma.
Les choix de Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon ont été respectivement fait par Cash et Carter. Cependant, ils ne verront jamais le résultat final. Ils décèderont chacun avant la fin du tournage. Et c'est bien dommage car il faut bien avouer que les deux acteurs réalisent une performance extraordinaire. Si pour le premier, on savait qu'il possédait un réel talent, la seconde nous a très agréablement surpris. Tout d'abord, pas de playback, ils ont appris à chanter et à jouer de la guitare. Bref, on est assez bluffé de ce point de vue là. D'autant que Joaquin Phoenix possède quelques points communs avec Cash, comme le décès d'un frère. Le tournage fut si éprouvant pour Phoenix qu'il finira quelques temps à l'hôpital, éprouvé par les points communs qui rejoignent les deux hommes.
Tant mieux car dans la mise en scène, si Mangold n'est pas mauvais, il faut bien avouer qu'il n'y a rien de très transcendant. Ca reste très classique et parfois un peu mou. C'est à mon sens le plus gros défaut du film. Parce que question reconstitution des concerts de Cash, on est loin du glamour. On a été également très fidèle à ce niveau. Mangold s'est également servi de deux livres autobiographiques de Cash. La reconstitution de sa vie est soignée et c'est un bon point aussi, évidemment. On retiendra toutefois la scène du concert dans la prison, devant plus de deux mille détenus et qui relancera la carrière du chanteur country. Le titre Cocaine Blues interprété pour l'occasion est d'ailleurs devenu un classique. D'ailleurs, le film sera présenté dans la même prison de Folsom, 38 ans après la venue de Johnny Cash.
Enfin, il ne faut pas spécialement apprécier la country pour aimer le film. Au fond, on suit les péripéties d'un personnage qui est parti de rien. Il a connu le succès, en a perdu un peu les pédales, est devenu une vraie épave humaine avant de pouvoir se relancer. L'ascension, l'apogée, la chute et enfin la rédemption. Il semble que chaque personne vivant un destin réellement exceptionnel connaisse ces quatre passages marquants dans une vie.
Enfin, on est nous même assez marqué par le personnage. Il n'est pas toujours très honnête, il est parfois détestable (notamment sur la façon dont il traite quelques fois June Carter avant leur relation. Il faut dire qu'il en était éperdument amoureux).
Bref, s'il possède quelques petits défauts, on assiste ici à un biopic très intéressant, susceptible d'intéresser un large public. Certes, certains n'aimeront pas le style de musique country, trouveront de cette manière le film assez rebuttant mais on admirera l'excellente composition des acteurs ou tout simplement la vie de Johnny Cash. Dommage que son talent se soit éteint pour de bon il y a cinq ans...