C’est l’histoire d’un gros tendu chiant

Dès le tapage provoqué par la sortie de Welcome to New-York, on a eu envie d’aimer le film. D’abord parce que c’est un film de Ferrara (Abel, pas Manuel, ils font tous les deux des films, de qualité, mais ce ne sont pas les mêmes), à qui l’on doit notamment Bad Lieutenant, mais aussi parce que tout a été fait pour nous en détourner, dès avant qu’il soit fini.

D’abord, il a été privé de salles obscures et peu importe qui est derrière cette décision. Ensuite, il a eu tellement de mal à trouver des fonds pour être tourné qu’il s’est attiré une sympathie de la part de tous ceux qui n’aiment pas qu’on fasse des choix à leur place. Enfin, on a eu envie d’aimer ce film parce qu’après sa première diffusion, les stars de la télé, ces petits trous du cul qui phagocytent les temps d’antenne et les pages éditoriales des magazines hebdo à la con, ont tout tenté pour nous détourner de ce long-métrage qui outrage leurs amis, à force de discours indignés et indigestes.
C’est pour ça qu’il faut voir ce film.

Au-delà de cette ambition, il est nécessaire mais regrettable de constater que Welcome to New-York déçoit à de nombreux égards. Bien que la caméra soit en toutes circonstances froide et dérangeante, glaciale par moments, qu’elle capture de manière brute et sans fard les objets qui rentrent dans son champ, elle ne parvient pas à scotcher le spectateur. Le manque de budget limite les possibles, et on se cantonne à des lieux exigus, des plans rapprochés, des visages plein écran dans des décors froids et vagues. Les dialogues, enclenchés en franglais, voire en engrais, semblent dits par des paysans habitués à mâcher leurs paroles et pas à des dignitaires si hauts placés. Les acteurs sont un peu en roue libre et en dehors de quelques fulgurances, ils donnent plus l’impression de sortir d’un épisode d’Hélène et les garçons à la sauce cure de désintox que d’une superproduction américaine.

Et puis, il faut bien reconnaître une chose. Malgré quelques scènes tendues (la fouille), Ferrara, qui a voulu coller au fait divers qui a douché les espoirs socialistes en 2010, a oublié qu’il tournait un film. En collant à sa vision fantasmée de la déraison de l’homme qui rêvait d’être président, il a laissé de côté l’histoire, celle, avec un petit h, qui se raconte et se découvre. Il a contraint ses personnages, son script et les scènes pour qu’ils rentrent dans un cadre trop étriqué, et un peu chiant.

Welcome to New-York restera un objet non identifié (pas au meilleur sens du terme) alliant la finesse virtuose d’un cinéaste à la bêtise crasse à la mode de la mention « inspiré d’une histoire vraie. » C’est un peu dommage.
hillson
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le 5 juin 2014

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