L'homme qui voulait être roi.
Commençons par évacuer une chose évidente ; oui, le film reprend l'affaire du Sofitel, jusqu'à la mise en demeure de l'ex-président du FMI. Car si il y a bien une chose qui me soule chez les critiques (pas sur ce site, mais chez les dits professionnels), c'est qu'on ne parle pas du film en lui-même, mais du parfum de scandale qui tourne autour.
Le film m'intéressait avant tout pour l'association improbable Ferrara-Depardieu, mais pas si bête que ça dans le sens où le mot d'ordre de ces deux artistes est liberté. Et il en est question dans cette histoire où l'acteur joue le rôle de Devereux, un grand patron (jamais précisé d'ailleurs où il travaille) qui semble fonctionner au sexe comme adrénaline de son existence. De droits de cuissage à une partouze à base de crème glacée, en finissant par une partie à trois avec deux lesbiennes, rien n'a l'air d'exciter plus cette homme que le cul. Mais c'est du cul assez triste, voire glauque, et le signe qu'on est chez Ferrara, avec des scènes finalement assez sordides, où la femme semble être de la chair à consommer rapidement, quitte à en renverser beaucoup.
L'histoire va basculer avec une femme de ménage qui va être violentée par cette homme sortant nu de la bouche et qui va lui forcer à faire une fellation. Enfin, tout ça est déjà connu depuis 2011.
La deuxième partie va mettre en scène Simone, jouée par Jacqueline Bisset, et qui montre que dans le couple, c'est elle qui tient les cordons de la bourse de par sa richesse et ses influences, qui vont entre autres permettre à Devereaux d'être assigné à résidence dans une maison somptueuse en attendant son procès pour viol.
Évidemment, le film tient uniquement pour le spectacle affiché de Gérard Depardieu, lequel y est monumental ; il est aussi bien d'un exhibitionnisme affiché (et son ventre proéminent) que d'une grande pudeur, voire réagit comme un enfant gâté face à son épouse qui lui sortira ses quatre vérités. Le véritable climax du film se situe vers la fin, où le couple s'engueule sur les ambitions déchues de l'homme, qui au fond avait des ambitions présidentielles, et que la femme l'insulte à tout va en lui reprochant de se comporter comme un sale gosse. C'est scène y est formidable, car on sent qu'elle est grandement improvisée, et le comportement de Depardieu y est fantastique, car il a vraiment cette tête du gamin pris la main dans le pot de confiture.
D'ailleurs, le monologue final de ce dernier, et sa phrase qui suit face caméra, n'est-ce pas là l'homme Depardieu qui a envie de crier sa liberté, quitte à ce qu'elle choque ?
En extrapolant un peu, Welcome to New York pourrait être une grande pièce de théâtre, avec la quasi-absence de décors extérieurs, et les diverses scènes (chambre d'hôtel - poste de police - appartement) auraient très bien constituer une pièce en trois actes où les extérieurs seraient des apartés à l'histoire.
Malgré la présence de l'équipe technique habituelle de Ferrara, et la présence de Depardieu au casting, on a droit à un film extrêmement fauché, se passant en décors, mais qui ne vaut que pour ses acteurs. Jacqueline Bisset y est très bien aussi, d'une grande fermeté, et dont insinuation sur Israël me semble mal à propos de la part des critiques pros.
Cela dit, le film n'est pas exempt de défauts ; sa laideur visuelle, son rythme parfois un peu trop maladroit, mais il y a une telle charge contre le pouvoir en tant qu'aphrodisiaque, et la performance hallucinante de Depardieu que je rêve du grand retour de Ferrara, qui était à sa grande époque un successeur de Samuel Fuller (Bad Lieutenant, King of New-York, c'était quelque chose !).