Nickel, encore un titre de film que quasiment personne ne peut comprendre en France, mais finalement, c’est assez approprié pour ce genre d’histoire qui dénonce la violence en la magnifiant. Une maladie couramment répandue, qui se pare de vertu en pataugeant dans le sang. Ici, la violence n’est « que » psychologique et l’intrigue est censée analyser les ressorts subtils de la transmission, sujet éminemment passionnant, ainsi que les relations père/fils, petite marotte freudienne des Etats-Unis d’Amérique, qui sous-tend la quasi-totalité de la narration moderne, depuis les débuts du cinéma. Heureusement pour l’industrie hollywoodienne, il semblerait que je sois la seule à me lasser de ces drames quasiment bibliques où les paternels gigantesques laissent si peu de place à leur progéniture qu’il faut à cette dernière déployer des ressources personnelles quasi mythologiques pour parvenir à exister par elle-même tant ils ont la vie dure. Le syndrome Top gun, en somme. Certes, cette fois, le tyran n’est qu’une figure paternelle, mais la bataille d’égos peut se déployer dans toute son horreur consternante malgré tout et se parer de vertus comme l’endurance, la persévérance, l’acharnement, la pugnacité et tous ces petits exploits intimes qui méritent autant de gros plans sur des gouttes de sueur ou des auréoles de sang pour qu’on en capte bien la grandeur cachée. Le seul personnage féminin de ce énième film-à-une-seule-fille s’appelle Nicole et quitte la scène aussitôt qu’elle le peut avec un « mais t’as pété les plombs » bien senti qui confirmerait à lui seul que la moitié de l’humanité au moins n’est absolument pas concernée par ce bras de fer ridicule, mesquin, bouffi d’orgueil et finalement stérile qui se finit dans une apothéose de testostérone qui parviendrait à rendre la fée Clochette suicidaire. En résumé, le Docteur House s’en donne à cœur-joie dans ce Full Metal Jacket du jazz.