Après quatre années difficiles dans un Conservatoire en tant que batteur de jazz, le trentenaire Damien Chazelle changea d’art. Encore étudiant à Harvard, il écrivit et réalisa son premier long en 2009 dans lequel un trompettiste de jazz dénommé Guy tombe amoureux d’une certaine Madeline. Sa plume a ensuite travaillé sur « The Last Exorcism, part II » ainsi que le peu rythmé Grand Piano d’Eugenio Mira (2013) qui lui avait valu un clément 6/10 de ma part.
Un peu plus tard, Chazelle présentait un court-métrage du nom de Whiplash, faute de moyens. Fort de ses récompenses glanées à Deauville et Sundance, il obtint les financements nécessaires pour faire de son scénario son deuxième long.
Pour les besoins du film, Miles Teller (Andrew), batteur amateur depuis 13 ans, a suivi des cours intensifs. Il n’eut alors à se faire doubler que pour 30% des prestations musicales. Suffisant pour que comme son personnage, cloques et saignements soient la destinée de ses mains. Pourtant, c’est son professeur Terence Fletcher, joué par J.K. Simmons, qui a obtenu les récompenses (Oscar, BAFTA et Golden Globes du meilleur acteur dans un second rôle).
Si Charlie Parker, alias Bird, revenait d’entre les morts, je serai curieux de connaître son opinion sur le film. Je pourrai aussi faire avec Antonio Sánchez, le batteur à l’origine de la bande-son de Birdman.
Que dire à présent du « Coup de fouet » de Chazelle ? J’hésite à avoir la cruauté de dire « That was all right. Good job.». Parce que, comme vous le savez, il n’y a rien de plus nuisible dans la langue anglaise que les deux mots « good job » réunis. Et je ne voudrai pas que Chazelle se complaise dans ce qu’il a déjà accompli, à savoir sortir un film plutôt populaire du côté des donneurs de récompenses et des spectateurs.
Le point de vue différent que le réalisateur a tenté de donner de la musique, i.e. provocatrice de douleur plutôt que de bonheur, est certes louable. Par ailleurs, lorsqu’il s’en donne la peine, Chazelle a une façon très prenante de filmer la musique.
Le hic, c’est que les gammes ne sont pas bonnes. Je regarde, j’écoute les scènes dans lesquelles aucun instrument ne se trouve. Et je m’esclaffe intérieurement « Aucun intérêt pour le déroulement scénaristique, peu inspiré, mal filmé, mal monté ! Pourvu que ce ne soit que de courte durée… » Dans un contexte de long métrage, Chazelle se perd à nous montrer Andrew qui va au cinéma avec Papa, Andrew qui va finalement inviter la guichetière, etc. Get back to your fucking drums !
Ces scènes faiblardes au mieux viennent interrompre l’intensité et le rythme imposé par la batterie. Elles sont totalement dénuées de sens artistique et ne donnent aucune dimension assez puissante au personnage d’Andrew.
En espérant qu’il aura pratiqué d’ici la sortie de son prochain film intitulé « La La Land » avec Emma Watson et Miles Teller. Je rends mes baguettes. Ba Dum Tss !