Presque rien ne fonctionne dans White Bird, film dans lequel un réalisateur qui semble pétri de bonnes intentions, fait preuve de maladresse, d’incompétence voire même de grossièreté. C’est vrai que les films sur l’adolescence sont bien souvent de piètre qualité : délicat de faire des films sur une période de la vie elle-même délicate. Pourtant, quelques-uns parviennent à se démarquer, pour des raisons à l’opposé des choix désastreux faits par Araki, qui semble avoir voulu d’un côté, se démarquer des codes du genre, tout en les respectant pour ne pas s’aliéner le public. Ce qu’il semble ignorer, c’est que la sincérité reste le meilleur moyen d’aborder l’adolescence au cinéma.

L’image de l’adolescence d’aujourd’hui qu'il renvoit est fausse, épouvantablement vulgaire et déborde des clichés les plus éculés. Une héroïne forcément jolie, pas idiote mais qui se met à coucher avec tout ce qui bouge, comme si le sexe était l’aboutissement de sa courte vie. Sa relation avec un flic de quarante ans est absurde et ne tient pas un instant une analyse lucide. Il y a son copain gay, forcément looké comme une grande folle (ça commence à être gavant !) et qui traine avec des filles, alors qu’il aime les garçons. N’oublions pas la copine grosse et moche, dont les neurones se sont égarés dans la graisse. La relation que Katy, l’héroïne, entretien avec ses deux potes est juste infecte : elle, est trop cool mais eux, sont deux has been qui lui servent de faire-valoir. Le meilleur pour la fin : l’adolescent beau, rebelle et ténébreux, sorti tout droit du chantier où s’est tournée la dernière pub coca-cola.

Le début de White Bird est d’un ennui total, difficile de savoir s’il y a un faux rythme, un rythme lent ou pas de rythme du tout, toujours est-il que la première demi-heure est une épreuve. Les acteurs semblent sous haute dose de prozac, la mise en scène appuie cette étrange sensation de léthargie, qui semble occuper l’espace. Les voix sont monocordes, il ne se passe presque rien et la disparition de la mère ne déclenche pas l’affolement qu’elle devrait. Les choses s’arrangent très lentement, très légèrement et ne décollent jamais vraiment. Surtout, il n’y a aucun enjeu dans ce film, aucun dont on nous parle en tout cas. La mère disparait et tout le monde fait avec, so what ? Nous restent les histoires de fesses de Katy, le père qui retrouve une copine. Mais comme les personnages sont pénibles, on se moque de ce qui leur arrive, bon ou mauvais.

Il n’y a finalement que les dernières secondes qui réveillent, tant elles laissent consterné devant un dénouement tellement exubérant, grotesque, vulgaire et tape-à-l’œil. C’est vrai que ça énerve un peu parce-qu’on n’y est pas préparé, mais c’est tellement gros, les images de ce couple surpris au pieu, que la volonté d’Araki de faire dans le sensationnel crève les yeux. On nous balance ça au visage sans ménagement, sans logique et sans que ça se rattache au reste du film genre, avec le recul on aurait pus se douter, mais non...Finalement, on a envie de se les crever tout seul les yeux, pour ne pas voir ça une minute de plus. Tiens d’ailleurs, Eva Green non plus on n’a pas envie de la voir, tellement sous-exploitée et rendue si laide que s’est un sacrilège, on la voit peu et on la voit laide. Shailene Woodley, de son côté, flingue un peu plus sa carrière en montrant seins, fesses et tout le toutim. Son avenir cinématographique se situe aujourd’hui entre l’érotisme et la romance puant l’eau de rose.

White Bird vient s’ajouter à la haute pile de films imbéciles sur les adolescents, ces êtres hybrides qui n’auraient dans leur viseur que le sexe, la drogue et l’alcool. Araki enfile les maladresses, les clichés et les insultes aux ados comme des perles. Son film est un échec d’un point de vue formel (malgré deux ou trois plans réussis) et une gigantesque maladresse sur la forme. C’est vrai d’un autre côté que les bons films sur l’adolescence sont rares, là tout de suite je pense à Breakfast Club, Le Monde De Charlie ou encore The Spectacular Now…what else ?
Jambalaya
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le 14 oct. 2014

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