Devant un délitement

Un pitch qui tient en quelques mots : Joe, 14 ans, assiste impuissant au délitement progressif du couple que forment ses parents. L'adolescent est tour à tour dubitatif, sidéré, dévasté, devant l'enchaînement des circonstances qui vont conduire à leur séparation mais il saura aussi en sortir grandi et trouvera la bonne distance, la bonne place, entre ses parents, comme on le découvre à la toute dernière image.
En partant d'un scénario en définitive assez ténu, Paul Dano a construit un film particulièrement soigné, recréant avec précision et subtilité l'atmosphère, les mentalités, des années 60. Jerry, le père de Joe, le mari de Jeannette, s'écarte toutefois des clichés de son époque (le mâle blanc viril connaissant la réussite professionnelle). Privilégiant avant tout les relations humaines dans son travail de "greenkeeper", il se fait licencier, et par orgueil refuse de se faire réembaucher par son ancien employeur. Aucune autre proposition ne lui convenant, il accepte une mission pour aller lutter contre des incendies de forêt, s'éloignant ainsi pour plusieurs semaines d'une femme dont on comprend qu'il ne partageait plus guère l'intimité. Cette longue absence va amener Jeannette à repenser sa vie. Y réussira-t-elle et comment Joe, témoin silencieux, traversera-t-il cette période troublée ?
Wildlife est un film particulièrement réussi par la rigueur et la sobriété de sa mise en scène, la qualité de la distribution ; les acteurs sont parfaits. Le directeur de la photographie maîtrise tous les plans : extérieurs aux couleurs doucement acides de fin de journées d'automne, lumières chaudes des intérieurs, plans serrés réussis sur Joe et ses parents. Le tempo est celui de la lenteur, ou plutôt de la langueur, mais rien n'est pesant.
Un beau film d'apprentissage (comme on dit "roman d'apprentissage").
A voir sans hésiter.