Elle porte malheur à qui ne la mérite pas

4 juillet 1876 à Dodge City, Kansas. Le prix d'un concours de tir organisé pour le centenaire de l'Independence Day est une Winchester 73 de qualité exceptionnelle, comme Winchester n'en fabrique qu'une sur mille. Venu dans cette ville dans l'espoir d'y croiser et supprimer l'homme qu'il recherche depuis des mois, Lin McAdam (James Stewart) y gagne de haute lutte cette magnifique carabine à répétition, mais à peine le shériff lui a-t-il remis l'arme qu'elle lui est brutalement volée. En fait, cette Winchester 73 provoque l'admiration et la convoitise de tous ceux qui l'approchent. Elle va ainsi passer de main en main, changeant six fois de "propriétaire" avant de revenir à qui elle appartient vraiment : celui qui l'a gagnée au concours de tir. Et à l'exception de Lin donc, tous ceux qui un moment la détiennent, ont à peine le temps d'en apprécier les qualités qu'ils tombent à leur tour, victimes de l'envie que suscite une telle arme, laquelle ne peut appartenir à l'évidence qu'au meilleur tireur de l'État.


Le scénario (coécrit par Borden Chase, scénariste de La Rivière rouge et de Vera Cruz) est extrêmement malin : le fil de l'histoire étant dicté par les pérégrinations de la Winchester, il y a toutes sortes de rebondissements (l'intervention des Indiens, par exemple), du mystère (pendant une bonne partie du film, on ne sait pas pourquoi Lin McAdam et Dutch Henry Brown sont à ce point antagonistes et pourquoi le premier veut à toute force descendre le second), une touche de romance (avec Lola, la "chanteuse de saloon" au grand coeur) et une explication finale pleine de suspense entre deux tireurs émérites réputés pour mettre dans le mille à chaque coup. Le film est dense, maigre, viril et d'une grande sécheresse (des coeurs comme des paysages). Le monde qu'il met en scène est sans pardon, sans pitié. Qu'on soit du même sang ne compte pas. On règle ses comptes sans phrases, sans sentiment, ni pathos. James Stewart est la personnification de la vengeance et de la colère rentrée. Il est parfait dans le rôle du justicier implacable et mutique. Winchester 73 est le premier des cinq westerns qu'il tournera pour Anthony Mann . Sorti en 1950, ce classique du genre vient d'être restauré sous la direction de Martin Scorsese et avec (si j'ai bien lu le générique) Steven Spielberg comme conseiller technique. La photographie en noir et blanc est de toute beauté et elle sert au mieux la dureté et (presque) noirceur de l'oeuvre.
J'oubliais : Shelley Winters, Dan Duryea, Stephen McNally et, dans des rôles secondaires, Rock Hudson et Tony Curtis font également partie du casting.

Fleming
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le 3 nov. 2019

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