Connu pour être un "cinéaste de festival" (donc traduisez chiant) Nuri Bilge Ceylan n'est pas moins un cinéaste particulièrement talentueux. Déjà récompensé à Cannes par Le Grand Prix pour Il Était Une Fois en Anatolie (2011) il marque un grand retour cette année avec Winter Sleep en obtenant la Palme d'Or venant de Jane Campion et ses acolytes. Comme bien souvent cette Palme sera remise en cause par certain comme étant un choix politique (des gens qui bien évidemment n'ont pas vu le film). Mais naturellement Winter Sleep aura beaucoup fait parler de lui notamment au niveau de sa longueur (pas moins de 3h15) qui en a intimidé plus d'un. Mais la distribution du film est quant à elle un beau suicide commercial car le film débarquera dans les salles Françaises début août en pleine chaleur estival ce qui n'est pas très bon pour la vente d'un film de ce type mais qu'importe ! Projeté en avant première à l'occasion du festival Paris Cinéma c'est sous des d'applaudissements que Winter Sleep s'est achevé au Gaumont Capucine, des applaudissement totalement mérités. Nous plongeant directement dans les magnifiques paysages de l'Anatolie le film ouvre un dialogue philosophique sur la condition humaine (la religion, la culture, les sentiments et la mentalité humaine notamment) et en gros se résume à ça. Nuri Bilge Ceylan ne compose son film que de quelques scènes toute durant au moins 15 minutes et composée uniquement de dialogues. Le tout parait long mais rapidement nous sommes plongés dans ces séquences qui demeurent sublimes. Le réalisateur Turc âgé de 55 ans filme des séquences avec une intelligence sidérante maîtrisant parfaitement les effets d'ombres ou encore de miroirs avec de sublimes plans séquences et nous fait savourer sa sublime direction d'acteur pour nous plongé dans ce semi huit-clos avec un réalisme inouï voir presque irréel un peu comme le fait Abdellatif Kechiche en nous présentant en plus de ça un monde inconnu à la beauté étourdissante. Winter Sleep marque un point dans le domaine des décors se déroulant en pleine Anatolie dans des habitats troglodytique dont l'affiche nous offre un aperçu. Nous allons donc suivre un personnage : Aydin dont les nombreux conflits avec ses proches (sa femme et sa sœur notamment) vont donner au film toute sa dimension humaine et intimiste. Le film justifie également sa lenteur à travers les mêmes arguments mettant en évidence le charisme des acteurs et les décors et en étalant au maximum ses divers messages qui ressemblent à un portrait du genre humain s'inscrivant donc dans la continuité du film Le Gout de la Cerise (Palme d'Or 1997), film Iranien également très contemplatif et The Tree of Life de Terrence Malick Palme d'Or en 2011.

Bilan :
"3h15 de bonheur total" dit Télérama, phrase d'ailleurs reprise sur l'affiche avec une police aussi grosse que celle du titre et finalement rien d'autre à rajouter. Une oeuvre pharaonique qui va jusqu'à nous faire penser autrement, rien que ça.
Kiwi-
9
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le 7 juil. 2014

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