Comme un poil dans la main
Je me souviens avoir passé un assez mauvais moment face à ce film, lorsqu'il est sorti en 2010. Néanmoins, j'avais envie de le revoir, peut-être parce que quelques camarades y trouvaient des qualité et je souhaitais comprendre. Le revoir fut instructif, d'autant plus que j'ai pu changer ma note.
L'histoire présente un certain intérêt. Je n'ai toujours pas vu l'original, je ne saurai donc dire si c'est fidèle ou pas ; en tous cas, plusieurs bonnes idées émergent : le rapport père-fils, l'asile, la relation amoureuse, l'attaque dans le camp des tziganes, etc.. C'est le traitement qui est à remettre en cause : la plupart des scènes semblent un peu trop vite expédiées, on ne profite pas assez de ces situations, y compris la relation père-fils ; ajoutons que les dialogues ne sont pas non plus très poussés. Il y a aussi ce parallèle shakespearien qui fonctionne assez bien (le rapport au père donc, la quête identitaire, le meurtre en famille), mais qui semble sous-traité ; j'ai aussi apprécié le fond, à savoir un homme qui fuit sa propre identité toutes années au travers de personnages fictifs et qui se retrouve confronté à ses démons intérieurs le jour où il décide de revoir son père. Le mal serait-il donc héréditaire ?
La mise en scène est un peu décevante. Je n'ai rien contre Joe Johnston et on peut même très facilement l'excuser de ce boulot parfois bâclé : il n'a été engagé que 3 semaines avant le début du tournage, après que plusieurs réalisateurs aient quitté le navire ; le bougre n'a donc pas vraiment eu le temps de bien préparer son projet et ça se ressent à différents niveaux : les décors sont parfois un peu trop simples (la présentation du manoir au début laisse sur sa faim), l'aspect gothique du film pas assez poussé, quelques séquences très belles, oui, mais d'autres auraient pu être mieux, effets spéciaux numériques parce qu'on n'a pas eu le temps de le faire mécaniquement (c'est le cas de la transformation, Rick Baker souhaitait le faire à l'ancienne comme dans son précédent film de loup-garou, mais le réalisateur n'a pas eu le temps de préparer cela ; ou encore, l'ours qui est en fait une animation reprise d'un autre film...). D'ailleurs, en parlant de CGI, c'est dommage que Rick ait attrapé cette vilaine manie de photoshoper tous ses effets mécaniques... Peut-être que ce sont ses collaborateurs qui ont eu la main légère, je ne sais pas, en tous cas c'est moche, et puis utiliser des effets numériques pour tout et n'importe quoi c'est dommage (petite interview sympa où justement Rick parle de cette fainéantise de la part des réal : http://blogs.indiewire.com/theplaylist/rick_baker_hes_still_stinging_about_the_wolfman_says_despite_oscar_win_cgi_ ).
La photographie ne m'a pas non plus pleinement satisfait : certains plans brillants (filtres ou after effect ?) agacent en opposition à d'autres impeccables (quelle lumière, par moment, et puis ces plans dans le brouillard sont un régal pour les yeux et créent une ambiance bien lugubre). J'ai été étonné de l'aspect gore. Assez bizarrement, je ne me souvenais pas de tous ces membres arrachés, peut-être parce que je viens de voir une version uncut (avec notamment Max Von Sidow en guest star) ? En tous cas, ces scènes de massacre sont plaisantes, mais une fois de plus on reste sur sa faim, car ces moments sont vite expédiés, on ne profite pas assez.
Enfin, j'aime bien Benicio, et ce film devait certainement être son entrée dans le monde du blockbuster et donc des acteurs les mieux payés, malheureusement il n'est pas toujours convainquant. Hopkins non plus d'ailleurs. Les autres acteurs s'en tirent tous nettement mieux.
Bref, "The wolfman" comporte de bonnes idées tant dans le scénario que la mise en scène, mais globalement on reste sur sa faim car tout aurait pu être développé un peu plus. C'est vraiment dommage.