Quelques mois après la sortie du premier spin-off de la franchise, son réalisateur Gavin Hood laisse entendre qu’une suite est en cours de développement. Le projet devait initialement se dérouler après Origins Wolverine, mais l’idée est rapidement remplacée par celle de raconter une histoire se déroulant au Japon. Un arc spécifique créé par Claremont et Miller et publié en 1982 est la source principale. Il faut désormais lancer la production.


Après cinq rétros sur la saga, je pense qu’on connaît désormais toutes et tous la chanson : des scénaristes sont approchés mais la plupart déclinent, parmi lesquels Simon Beaufoy, récemment oscarisé pour son travail sur Slumdog Millionaire, avant que Christopher McQuarrie ne soit choisi pour écrire le script de cette suite. Des réalisateurs sont successivement approchés, dont Bryan Singer, encore, qui refuse, mais aussi Daniel Espinosa, Kathryn Bigelow ou encore Tony Scott. Mais en octobre 2010, c’est Darren Aronofsky qui est officiellement annoncé comme réalisateur. C’est lui qui choisit de modifier le titre du film en The Wolverine, coupant les ponts autant avec les films X-Men qu’avec Origins Wolverine, comme une volonté de se placer en projet indépendant. La collaboration ne durera malheureusement pas longtemps puisqu’en apprenant que la durée du tournage l’obligera à être séparé de sa famille pendant près d’un an, Aronofsky décide de quitter la production six mois seulement après avoir été officialisé dessus. De mars à juin 2011, la Fox tient en ballottage une petite palanquée de réalisateurs, parmi lesquels Doug Liman, Justin Lin, Antoine Fuqua ou encore James Mangold. C’est finalement ce dernier qui sera choisi. Suite logique : le scénario de McQuarrie est réécrit par Mark Bomback, ce qui mène Mangold à annoncer que le film fera suite aux évènements d’X-Men 3.


Avec près de 120M$ de budget, le film, bien que toujours relativement confortable là-dessus, est plus économe que les précédents. Alors que donne ce film qui se voulait indépendant mais qui ne l’est finalement pas ?


Sept ans après les évènements d’X-Men 3, Logan vit isolé dans les montagnes. Toujours hanté par la mort de Jean Grey, il est invité par une mutante capable de lire l'avenir et de voir la mort des autres nommée Yukio à se rendre au Japon et plus spécifiquement au chevet d’une ancienne connaissance désormais mourante : Yashida, un ancien officier japonais dont il avait sauvé la vie lors du bombardement de Nagasaki. Désormais à la tête d’une corporation surpuissante, Yashida tient à remercier Logan pour son geste. Comment ? S’il accepte d’échanger sa capacité à guérir, Yashida s’engage à le rendre mortel.


Il ne faut pas être lauréat d’un concours de logique pour le saisir : le film est définitivement une double suite, empaqueté dans une intrigue parallèle à tout ce qu’on a pu voir jusqu’à présent. Suite à X-Men 3 mais aussi à Origins Wolverine via le thème de la solitude et de la mortalité, The Wolverine a au moins le mérite d’être différent de ses prédécesseurs. Las, le film souffre d’un défaut principal : il a trop de choses à raconter, tout en le faisant mal. Il y a de tout et un peu en pagaille : c’est un film d’action, un film de romance, un road movie, un film de mafia, et tout ça n’est malheureusement pas très efficace ni bien divertissant à regarder. On veut nous vendre la solitude de Logan mais hormis le départ notre héros se sentira rarement si seul que ça, on veut nous vendre de l’amour par ce bourru mais ça se fait de façon accélérée avec un personnage assez fade, on veut nous vendre la fragilité de Logan mais ça ne va finalement jamais très loin, on veut nous vendre un film grave, sérieux et humble, mais c’est souvent très déséquilibré par une mauvaise écriture et des touches étrangement placées d’humour (pas que c’était malvenu, mais mal placé).


Comme à son habitude, Hugh Jackman porte le projet sur ses épaules. Il a plus que jamais le physique bestial du héros aux griffes en adamantium et est à fond dans son rôle de ronchon esseulé et solitaire. Dommage qu’il soit bien le seul, car le reste du casting consiste en une multitude de persos-clichés ou de persos-fonction. Même la Vipère qui gagne plus de points que d’autres est quand même très mal écrite, résultat peu importe l’intensité très comics books du jeu de Svetlana Khodtchenkova ça n’a jamais marché pour moi.


Car c’est hélas un défaut qu’on retrouve sur ce film après Origins Wolverine, bien que les dégâts ne soient pas aussi conséquents : l’écriture est quand même décevante.


Que ce soit au niveau de l’intrigue comme des personnages, on ne passe pas un moment phénoménal devant ce film. J’en avais un souvenir très mitigé et force est de constater que ça n’a pas changé avec le temps. Il y a beaucoup d’éléments intéressants comme la mortalité et la solitude de Wolverine, son deuil de Jean Grey, mais en fin de compte cette intrigue à base de mafia japonaise ne me satisfait pas.
Cette espèce de dépaysement géographique mais aussi psychologique pour Logan a énormément de potentiel sur le papier, mais dans l’exécution, c’est un vrai cafouillis.
On alterne entre passages musclés peu convaincants, avancées mécaniques dans la découverte du complot et moments d’accalmies supposées appuyer le coté respectable et apaisé de la culture et des paysages japonais sans que tout ça ne parvienne à réellement conserver mon intérêt. Logan est un peu une caution obligatoire dans son propre film, mené du début à la fin de celui-ci tel un MacGuffin vivant, et autour de celui-ci, une histoire de conspiration absolument ridicule parsemée d’une romance artificielle. Le dernier tiers est particulièrement ennuyeux, entre son twist ridicule et le combat final qui manque vraiment d’intérêt et de peps. Ah et une scène post générique tease la suite sans faire d’efforts.


Tout n’est pas à jeter, mais The Wolverine demeure pour moi un film trop diffus, inconséquent. Ce qui devait faire sa force n’est pas et le transforme en parenthèse dispensable et inintéressante.
On le retiendra tel un brouillon pour la suite de la trilogie axée sur Wolverine : le film Logan, toujours réalisé par Mangold, qui reprendra un paquet d’éléments mais cette fois-ci pour en faire un bon film, voire très bon. Une histoire pour plus tard.

Chernobill
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le 22 nov. 2021

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