The Dark Knight ne sert plus de modèle (Exit les excès de pessimisme et le sérieux des adaptations de DC Comics par Zack Snyder (ici co-scénariste)), il a été remplacé par l’esprit fun de ses concurrents de Marvel, pour mieux faire chavirer le spectateur des multiplexes qui a reçu de façon contradictoire les efforts récents de Warner dans le film de super-héros, Man of Steel et Batman vs Superman. Esthétiquement, les premiers pas cinématographiques en solo de Wonder Woman conservent toutefois l’empreinte esthétique froide de ses prédécesseurs sans l’emphase mélancolique, voire défaitiste, des récentes adaptations de DC. Les ambitions de Wonder Woman ont été revues et corrigées. Le drame s’est mué en divertissement romanesque où l’humour est exaltant, sans jamais tomber dans le pataud et la parodie...
Si le film ne bouscule pas le genre, le personnage en lui-même est une vraie réussite. Plus cultivée que la plupart des super-héros (elle est capable de parler 100 langues quand même ! ), Wonder Woman présente une personnalité suffisamment fouillée et humanisée pour rester crédible dans son accoutrement de princesse-guerrière. Diana Prince est un déconcertant mélange de naïveté et de maturité, de vulnérabilité et d'assurance. Isolée depuis sa naissance sur une île paradisiaque peuplée d'amazones, la jeune femme a conservé une certaine innocence, peut-être parce qu'elle a échappé au carcan de la société patriarcale. Elle fait preuve d'un pragmatisme brut qui tourne en dérision tous les canons et conventions de notre monde...
Du centre enfumé de Londres à la boue des tranchées, de séquences comiques aux combats spectaculaires, le personnage évolue plutôt bien malgré une écriture parfois grossière. Mais le charme de ce divertissement plein d’humour et de respirations, tient au charisme de l’interprète, Gal Gadot. Créature somptueuse et néammoins sensible, comédienne radieuse, elle est filmée comme une désirable icône humaniste, plutôt que comme un objet sexuel. Présent tout au long du film ( et notamment à travers l’incompréhension totale de Wonder Woman pour un monde dominé par les mâles ), le féminisme est aussi dans l’oeil de la réalisatrice Patty Jenkins, attachée à construire un personnage aussi solide que séduisant. Face à Gal Gadot, Chris Pine tient plutôt bien le choc, en « simple-humain » dépassé par les événements. Peu importe, dès lors, que le message pacifiste soit presque aussi naïf que l’héroïne à ses débuts, que les personnages secondaires ( y compris les méchants ) ne servent pas à grand chose, ou que le film soit trop long d’environ une vingtaine de minutes, Wonder Woman a un bel avenir chez DC Comics !!!