Seule la p’ARÈS fatigue le cerveau

Wonder Woman, malgré la recrudescence des films de superhéros sur les dernières années, est un film à part dans le paysage cinématographique hollywoodien et possède un visage différent de ses aînés. Tout d’abord le personnage principal est une femme, Diana alias Wonder Woman. Il est clair que les films de superhéroïnes se comptent sur les doigts d’une main. Sans compter sur le fait que des longs métrages comme Elektra et Catwoman peuvent difficilement être considéré comme des films sérieux. On peut donc clamer haut et fort que c’est assez rare pour être souligné. Je rajouterai également que la personne en charge du projet est une femme, Patty Jenkins. Là aussi, ce n’est pas récurrent et cela ne me surprend pas que le record de précocité au Box office d’un film réalisé par une femme ait été battu. Tout cela pour dire que ce film promettait quelque chose de différent, de novateur, et que l’on aurait un peu de sang neuf. Sur le papier tout du moins. J’étais curieux de savoir si le film allait répondre favorablement à ces attentes ou s’il n’allait finalement être qu’un film de superhéros assez classique. Verdict ? Ce n’est pas encore tout à fait ça…


Des points négatifs qui desservent trop le récit


Avant de commencer, je dois dire que mon avis avant de voir le film a changé au cours du temps. D’abord très sceptique, je n’ai pas été indifférent aux bruits et aux avis positifs, de plus en plus nombreux aux États-Unis. Sur les sites de références, comme Imdb ou Rotten Tomatoes, Wonder Woman possède des notes très élevées. De fil en aiguille, j’ai finalement été assez intéressé et de plus en plus confiant. Pourtant, le film a été desservi dans sa promo par des comparaisons parfois abusives et vides de sens, comme le fait d’avoir été mis sur le même plan que The Dark Knight. Loin de moi l’idée de ne pas respecter les goûts de chacun, je me dis juste que cela n’apporte rien de positif à Wonder Woman que de le comparer à un modèle du genre, qui plus est très différent en soi (dans son scénario, dans sa narration, dans son montage et son rythme etc.). Malgré cela, il est plus sage que de passer outre cela et de ne penser qu’au film en lui-même. Que peut-on dire des points négatifs ? Tout d’abord je trouve qu’il n’y a pas tant de points négatifs que ça, mais ils pèsent lourd dans la balance. Le film possède d’abord un problème de rythme. Il y a des moments vraiment plats tout au long des 2h20 et c’est assez regrettable tant il y avait la possibilité de rendre le scénario haletant. Par ailleurs il n’y a pas de moments épiques, mis à part un ou deux mais j’y reviendrai plus tard. Bien que je ne m’attendais pas à l’œuvre la plus tonitruante de la décennie, le film n’a pas réussi à se transcender, à nous apporter assez pour le rendre intemporel. Et d’ailleurs le film ne réussit pas à être novateur, il est assez classique dans sa construction. J’ai ressenti une certaine paresse dans la narration.


Toujours à propos du scénario, il y a cette difficulté permanente de se défaire de certaines logiques de blockbuster. Malgré la tendance accrue des films de superhéros à utiliser l’ultra violence comme exercice de style ou comme vision réaliste du monde, Wonder Woman prend le contre-pied de tout cela et propose son exact opposé avec une version édulcorée de la réalité. Sans plaisanter, on ne voit pas une goutte de sang durant tout le film.


Lorsque Diana tue Ludendorff à la fin du film en le transperçant sur le haut du bâtiment, vu la violence et la vision gore que cela nous procure, on s’imagine bien des choses. Mais que nenni ! On voit l’épée, ayant transpercé le corps de cet homme de l’autre côté, blanche comme neige. Les miracles, parfois !


Enfin, les CGI ont parfois tendance à être sur-utilisés, et Wonder Woman n’échappe pas à la règle.


Malgré une première heure où les effets spéciaux sont utilisés avec parcimonie, la bataille finale entre Arès et Diana regorge de CGI. C’est bien regrettable parce que cela nous offre des scènes assez laides alors que j’attendais un affrontement épique.


Des points positifs qui rendent le visionnage agréable


Le début du film se situe presque exclusivement sur l’île paradisiaque de Themyscira. Et c’était très plaisant. J’ai bien accroché à cette partie, je me suis bien intégré dans l’univers. Pourtant Dieu sait que c’était casse gueule de réaliser une île peuplée entièrement de femmes guerrières, mais en fait c’était bien amené et bien construit. Justement, à propos des femmes, je voulais en dire quelques mots. J’ai bien apprécié la façon dont est géré ce côté-là. Sans en faire des tonnes et sans nous rappeler toutes les cinq secondes que ce sont des femmes fortes et qu’elles n’ont pas besoin des hommes pour s’en sortir, le film nous transmet un message. Un message clair comme quoi l’héroïne principale, Diana, n’a pas besoin d’un homme pour éliminer le méchant. Et elle s’en sort bien. Et quand on parle de femme, comment ne pas parler de celle là. Gal Gadot est irrésistible dans son rôle et ce n’est pas forcément dû à son talent d’actrice (bien que je la trouve plus que correcte dans le rôle), mais plutôt au fait que son charme et sa beauté y jouent pour beaucoup. Elle crève l’écran et sa présence apporte beaucoup au film. Je ne pensais pas dire ça mais c’est quelque chose qui m’a sauté aux yeux. Toujours sur les personnages, j’ai trouvé l’humour assez fin et efficace. J me suis surpris à rire plusieurs fois devant le décalage entre Trevor et Diana. C’est vrai que ce n’est pas très compliqué en soi de faire rire lorsque l’on met à l’écran deux personnes aux cultures totalement opposées, mais j’ai trouvé l’humour assez subtil.


Je vais enfin m’attaquer à un point qui manquait dans cette critique, celui de la réalisation. Et à ma grande surprise, elle est de bonne facture. Contrairement à King Arthur où les scènes d’action étaient illisibles et m’ont rendu épileptique, ici on arrive bien à suivre l’action. Les plans sont propres et soignés et tout au long du film on a droit à une belle photographie, notamment sur deux scènes.


Lorsque Ludendorff envoie un gaz meurtrier sur un village dont personne ne survit, Wonder Woman arrive trop tard. Les images qui suivent où l’on voit Diana en pleur au ralenti, avec en arrière plan un brouillard orangé sont magnifique. Un subtil mélange.


La scène des tranchés lorsque Wonder Woman révèle à tout le monde sa puissance m’a scotché et elle, pour le coup, fût épique. Par sa réalisation, par le charme et la badasserie (oui ça se dit) de Diana, j’ai pris mon pied.


Ce film m’a apporté plus de bonnes choses que de mauvaises. J’y ai pris du plaisir par moments, à défaut d’avoir adoré. Il est riche en scènes captivantes et je me suis mis à rire à de nombreuses reprises. Il fait du bien à cet univers DCEU qui avait tant besoin de convaincre après la catastrophe Suicide Squad.


Je pense que je peux dire sans risque et sans choquer personne que je le considère comme le meilleur film du DCEU. Cependant, vu le degré des attentes et des retours que j’ai pu lire, il ne m’a pas assez convaincu. Il ne réussira pas je pense à rester dans les mémoires bien longtemps. Et la présence de Gal Gadot n’y changera pas grand chose. Quoique.

MatthieuS
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le 9 juin 2017

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MatthieuS

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