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Wonder woman, enfin la presse se réjouit d’avoir un film avec un personnage central féminin fort, où toutes les femmes peuvent se reconnaitre dans cette miss univers (15ème place) qui parle grec ancien et soulève des tanks. Sarah Connor, Elen ripley, Mulan, Beatrix Kido, la carrière de Milla Jovovic, Michel Rodriguez et d’Angelina Jolie, partez-vous rhabiller car l’ingénue en jupette sort son lasso et que ça va faire du bondage avec des clichés machistes.


Voilà peu ou prou comment internet nous a vendu le film, manque de pot il faut que tout change pour que rien ne change et à l’arrivée on se retrouve avec un sacré air de déjà vu même si l’on n’a pas non plus la sensation d’avoir affronté le pire du blockbuster estival pour ça il y a Suicide Squad.


Patty Jenkins, la trop rare Patty Jenkins dont c’est le deuxième film après Monster en 2004 où Charlize Theron sort complètement de sa zone de confort dans le biopic d’une serial killeuse ravagée, est donc la réalisatrice de cette nouvelle entrée dans le DCU (les films de super héros avec Batman, pas ceux avec Iron-Man) qui oublie son style pour adapter celui de Snyder avec des plans iconiques, des ralentis stylisé en combat qui rappellent fortement les 300 (un truc avec la jupette surement) et une image grisâtre façon Batman vs Superman. L’esthétique dark du chevalier noir gage face à celle du mec avec slip rouge sur Spandex bleu, ou alors on est juste tombé sur une équipe artistique qui a par compris que si les vieilles photos sont en noir et blanc, ce n’était pas parce qu’il faisait tout le temps moche avant. Au moins il reste l’un des points qui me plait le plus dans les adaptations DC, les héros sont des dieux parmi les hommes et sont représentés comme tel dans toute la démesure de leurs pouvoirs. En opposition aux Marvel où l’on humanise les héros au maximum.


Esthétiquement on a donc quelques idées, opposer le monde des amazones à celui des humains par la couleur par exemple. Ce n’est pas des masses mais on salue l’effort. Reste une histoire agréablement imprévisible, surtout dans son dernier acte doté d’un Deus Ex Machina qui n’a jamais aussi bien porté son nom, malheureusement incapable de redonner son souffle à un rythme qui cale pas mal. Le début, longuet mais sympathique avec acte de barbarie sur la mythologie grecque (à côté le Disney Hercule est un modèle d’adaptation respectueuse), laisse place à pas mal de remplissage avec deux bonnes scènes d’action en milieu et en fin de film. Avec sa vision simpliste de ses enjeux, son duo de méchant plutôt bien construit pour pas grand-chose et une équipe d’espions alliés de notre héroïne adepte de la stratégie « je fais des moulinets avec les bras en fonçant tout droit » dont le sens du sacrifice masochiste au dernier degré fait plus pitié qu’autre chose, le film se laisse regarder sans malheureusement déchainer les passions. Reste la première scène au front qui arrive à rendre le port de tiare badass, ce qui n’est pas un mince exploit.


A noter, Chris Pine (captain Kirk) est un assez bon choix car la figure du héros male « habituel » n’est là que pour se faire bouffer ses moments de gloire par Diana, histoire de montrer que l’on renverse les valeurs même si c’est un peu appuyé, et la présence de Ewen Bremner, Spud de Trainspoting, reprenant quasiment à l’identique son personnage de toxico écossais manquant de se noyer dans son vomi. Dans les canons du film familial, j’appelle ça s’en sortir pour meurtre.


Reste une question : Wonder Woman étant apparue en 1941, pourquoi placer son origin story lors de la première guerre mondiale ?


Oui ? Toi au fond avec le bras levé et le Tshirt XXL où il y a marqué « on ne m’a jamais vu avec Batman dans la même pièce ? » Parce que ça a très bien marché pour Captain America ? Tu veux te faire suriner au prochain comic con dis-moi ?


Le choix de ne pas se baser sur un comics en particulier, quitte à s’en éloigner comme c’était la mode jusqu’à présent, est surprenant mais peut s’expliquer par le fait que le film vise à installer un personnage sans trop toucher à un univers en cours d’écriture. L’on ignorera pourquoi si elle est née surpuissante, elle ne découvre ses pouvoirs que durant le film contrairement à Superman dont l’apprentissage et la maitrise de ses dons est une immense part de la construction du personnage (Smallville a tenu tant bien que mal 10 saisons sur cette idée). Le fan service se faisant extrêmement discret, une glace et c’est tout, et surtout l’on perd le personnage présenté dans Batman vs Superman de femme fatale aux motivations troubles pour tomber sur une bonne sauvageonne un peu naïve. Gal Gadot a su s’adapter avec brio mais l’on regrette le peu d’impact qu’a cette histoire sur la suite.


Contrairement à un Suicide Squad navrant qui confondait action et hystérie ou un Batman vs Superman tellement engoncé dans sa vision mythologique du super héros et de son univers à installer qu’il en oubliait de mettre du film entre deux révélations bourrines, Wonder Woman est un récit de super héros classique mais efficace, original par son cadre de la première guerre mondiale même s’il n’ira pas plus loin qu’un décor. Bien dans sa coquille avec une petite peur de l’audace et c’est plutôt dommage.

Cinématogrill
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le 22 juin 2017

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