J'ai tout essayé avec les films de super-héros : entre Batman, Superman, Captain America, Iron Man, Avengers,etc. Mais rien n'y fait le super-héros n'a pas la côte par chez moi. Et puis arrive au loin Wonder Woman qui mise largement sur la part féminine du super-héro, de quoi donner un coup de poussière sur des comics très portés sur la gloire du mâle. Comme à mon habitude j'y vais sans attente ni même sans rien savoir sur la mythologie de cette super-femme, qui lancée dans une série dans les années soixante-dix reste plus dans les esprits par sa plastique que par son féminisme il me semble.


Wonder Woman fait donc le pari de rester dans la lignée du film de super-héro avec son historique et sa part de mystère, à savoir le cliché. Si l'île des Amazones ressemble au paradis, on est vite déboussolé de ne pas plus s'investir dans cette société de femmes. Seul le personnage de Diana se doit d'être centrale ; enfin, les techniques de combats se font aussi une place. Entre ralentis à gogo (merci Zach Snyder) et effets spéciaux qui se voient dans les mouvements de combat, difficile d'entrer dans l'arène. La trame familiale n'est d'ailleurs d'aucune utilité mais le scénario nous prépare bien des surprises avec des libertés incongrues, si bien qu'on a très vite envie de partir de cette île.
L'esquisse de la mythologie des Amazones ne prend donc pas la place nécessaire pour ancrer notre héroïne dans une histoire qui vaille la peine.


Pour en venir à l'archétype de notre étendard féministe, on peut dire que là aussi tous nos espoirs sont déçus. Gal Gadot, jeune inconnue au charme certain joue les ingénues prônant l'amour, croyant que seul Arès est derrière la faiblesse des hommes.
Qu'elle ne connaisse pas le monde dans lequel elle est propulsée passe encore, mais de là à la plonger dans un cliché parfait de la représentation de la première guerre mondiale qu'on les américains il n'y a qu'un pas. En même temps il faut avouer qu'on prend un certain plaisir à voir cette beauté se rendre sur le front sans aucune crainte, combattant vaillamment pratiquement à elle seule les méchants allemands. Oser autant de premier degré dans la représentation de cette Captain America au féminin, dans des ralentis suggérant à la fois la caricature tout autant que la force ratée du féminisme a quelque chose d'hypnotisant. J'espère vraiment qu'ils ne se prenaient pas au sérieux avec de telles scènes clipesques.


Finalement c'est le méchant, le grand méchant, pas celui mille fois éculé des vilains allemands, qui s’avérera le plus surprenant, tant dans son casting que dans sa venue dans une intrigue qu'on croyait toute tracée (ne vous en faites pas le scénario est totalement prévu quand même). Les libertés de l'histoire pour nous faire passer d'une scène à l'autre sont aberrantes au lieu d'être subtiles, on aurait aimé ne pas s'en apercevoir mais tout se combine parfaitement pour nos héros. Car non, Wonder Woman ne choisit pas des Amazones ou de simples humaines pour l'accompagner, elle préfère qu'on la magnifie à son rang de sex-symbol, c'est tellement ça qu'il nous fallait. Une Wonder Woman qui ignore son attraction sur les hommes et aux accents très humanistes, plus mièvre tu meurs.


C'est donc dommage de ne pas voir éclore la femme fatale, ou l'anti-femme fatale, ou une amazone froide, ou pleine d'humour, etc, tout sauf celle-là. Le cliché du super-héros reste donc bien ancrée dans une vague patriotique prédéfinie par une lignée de film qui n'en finit plus de nous abreuver de surhomme. Le vent de fraîcheur ne viendra donc pas de la femme, qui même aux manettes d'un blockbuster n'a pas su esquiver les demandes du genre.

LuluCiné
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le 15 juin 2017

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