Et Barbie enfila sa jupette et se mit au féminisme…

Woh… Mais… Mais… En serait-ce un ? …Roh mais si c’est le cas ça ferait quand même sacrément longtemps que je n’en ai pas vu au cinéma… Pourtant si… Si, il remplit tous les critères… Mais oui… Ce « Wonder Woman » en est bien un… C’est… C’est un beau et magnifique… nanar !


Rolalah mes enfants… Celui-là il est quand même sacrément impressionnant. Et le fait qu’on y ait consacré autant de moyens le rend juste épique. Alors certes, peut-être que ça choquera moins les gros mangeurs de comics ou bien encore ceux qui ont intégré les codes des derniers films estampés « DC » ou autres « Marvel Cinematic Universe ». Mais pour quelqu’un qui comme moi aime bien appréhender des films comme des unités à part entière se devant d'être capables de tenir et de convaincre à eux tous seuls, là j’avoue que je n’ai pas été déçu du tout par « Wonder Woman »…


Non mais c’est un festival !
Au-delà des deux premières minutes d’intro qui sont les seules à être plus ou moins propres du film (…mais manque de pot, ces deux minutes sont aussi celles qui se révèlent après coup être les plus inutiles au regard de l’intrigue qui suit, mais j’y reviendrai plus tard...) ; au-delà de ça, on rentre dans un océan de kitchouilleries, de bouillasses numériques immondes et surtout de postulats et de propos qu’il est selon moi impossible de prendre au sérieux.


Alors OK, « c’est Wonder Woman me diront certains ; il faut quand même bien qu’on respecte un minimum le matériau de base, non ?… » Bah ouais, moi je veux bien entendre ça. Mais est-ce que c’est vraiment respecter le matériau de base que d’en propulser en 2017 toutes ses ringardises si marquées par les années 60 ?


Parce que là : tout ce trip de mythologie junky (qu’on pouvait d’ailleurs déjà retrouver chez « Thor »), le tout mélangé avec des nymphettes à jupettes qui font des galipettes en permanence dans des costumes absolument ridicules, c’est juste phénoménal ! Il faut franchement le voir pour le croire ! Et si encore ça se limitait à ça ! Mais non ! Aux ringardises des années 60 le film a décidé d’y mêler toutes les ringardises des blockbusters contemporains ! Cabrioles absurdes, incrustations sur fond vert ignobles, musiques omniprésentes et pourtant insignifiantes, effets numériques qui font incroyablement fake… C’est une vraie compilation de mauvais goût absolument hallucinante ! Et vas-y que je t’y rajoute les conventions de films US qui veulent qu’en Grèce antique, on y retrouve des blondes, des noires et des brushings de Sue Ellen Ewing ! Et vas-y aussi qu’on te transforme la mythologie grecque en mythologie judéo-chrétienne avec un Dieu, Satan, la Création et toutes les mécaniques bibliques qui vont avec ! Vas-y que je te représente tout ça selon une esthétique renaissante parce que la Grèce antique… euh, ça a certainement dû se passer aux temps de la Renaissance ! Et surtout vas-y aussi que je te réduis l’héroïne principale à la simple et unique posture d’une Barbie qui doit sourire et faire jolie !


Parce que oui – et désolé de le dire aussi crûment – mais dans ce film la pauvre Gal Gadot n’est clairement là que pour porter toute une gamme de costumes qui mettent en évidence sa généreuse plastique. Son jeu d’actrice est incroyablement exagéré et maniéré. Il faut dire que le texte qu’on lui propose est assez lamentable. Le scénario répète sans cesse les mêmes choses, comme s’il n’estimait pas capable le spectateur de retenir une information plus de cinq minutes. Quant à la posture qu’on lui fait adopter face aux hommes, elle est juste d’une platitude hallucinante. Eh les gars ! Les filles ! On est en 2017 ! Si vous voulez aborder la question des tensions sexuelles qui peuvent exister entre deux individus ; de même que si vous voulez aborder la question des normes sociales liées au genre, eh bien soit vous y allez franchement, soit vous n’y allez pas du tout ! Parce que là, c’est d’un ridicule ! C’est franchement pire que dans « Twilight » ! Et ce qui est dingue c’est qu’en plus ça en devient même totalement incohérent !


Si « Wonder Woman » est une Amazone totalement décomplexée sur les questions du corps et du plaisir, qu’elle ne parle pas au travers d’euphémismes polis et détournés ! Qu’elle nomme les choses ! Qu’elle rentre dans le tas !


Le pire, c’est que c’était la seule chose qui aurait pu rendre ce film intéressant : confronter une figure contemporaine de femme à des figures archaïques d’hommes. Ça, ça aurait pu être vraiment sympa si ça avait été écrit avec davantage d’audace et d’intelligence. Mais non, au final ce qu’on aura donc au menu c’est du lisse, du chaste et du creux. Et à dire vrai, outre l’absence totale de bon goût, c’est sûrement ces caractéristiques là qui définissent le mieux ce « Wonder Woman » : le lisse, le chaste et le creux. On parle de guerre, mais jamais on ne parlera d’une once de politique, parce que la guerre, ça se développe comme ça, juste parce que l’humain à un côté « bad guy » (Paye ton essentialisme !). Que dire d’ailleurs des grands méchants ? Entre un Danny Houston caricatural au possible, une Elena Ayana totalement ridicule,


et un enjeu à base de gaz juste navrant,


on touche là à une forme d’abysse narrative des plus consternantes…


Et franchement, je trouve ça même vraiment dommage que ce soit aussi lisse, chaste et creux… Parce que le pire c’est que ça transforme au final de « Wonder Woman » en la pire version des nanars qui soit, c’est-à-dire le nanar chiant. Parce que non, ce film n’a même pas le mérite de pouvoir distraire à ses dépends. Ce fut certes le cas durant tout le passage du début sur l’île des Amazones, mais dès qu’on la quitte, il ne se passe plus rien. On sait exactement ce qu’il va se passer, on s’étonne juste qu’il faille autant de temps pour que ça se passe. Bah oui, je vous l’avais dit : « Wonder Woman » c’est un film qui répète sans cesse la même chose… Et le pire c’est qu’au bout de 2h20 de film, on se rend compte qu’il a passé son temps à radoter pour...


rien.


Parce que oui, en plus il a fallu qu’il ne se passe rien dans ce film ! Bah oui – on l’aurait presque oublié parce qu’au fond la scène d’intro n’avait rien à voir avec le reste – mais tout ce film en fait, n’était qu’un épisode parmi d’autres de la future et longue saga « DC »… Un épisode vide. Un de plus… Comme le « MCU » les gars de chez DC ont l’air de faire le pari qu’à force d’aligner les épisodes vides, un jour ils auront peut-être un plein… Logique désolante de mon point de vue, et logique qui complète donc cette incroyable compilation de tares que collecte ce « Wonder Woman »…


Bref – vous l’aurez compris il me semble – à la question de savoir si « Wonder Woman » allait rajouter quelque-chose au schmilblick des blockbusters, des univers étendus, ou bien du cinéma tout court, je crois que je n’aurais pas besoin de vous expliciter davantage ma position là-dessus… A d’autres d’alimenter le débat. Moi… Franchement… J’ai eu ma dose…

Créée

le 16 sept. 2017

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