Nothing good is born from lies. And greatness is not what you think.

Après un premier film ayant fait date, une campagne de promotion plus qu’alléchante (et visuellement très marquante) et un virus qui aura retardé le visionnage de presque un an, est-ce que cette suite de Wonder Woman est à la hauteur ? La réponse est plus mitigée que ce que j’ai pu voir ici et là.


Oui, cette suite est clairement un bon cran en-dessous du premier. L’effet surprise a disparu, mais surtout, à l’image de ce qu’on avait pu voir avec Shazam ! par exemple, on a cette impression qu’il manque le côté épique au-delà du simple super-héros. Le film manque peut-être un peu de rythme, dans le sens où certaines scènes s’étirent un peu trop, d’autres au contraire se précipitent, quand quelques-unes se révèlent, au bout du compte, inutiles et superflues. Je pense notamment à la scène en Égypte qui n’apporte strictement rien au film, si ce n’est de permettre d’avoir une scène d’action (plutôt sympa, certes) au milieu d’une intrigue qui, jusqu’à là, tournait un peu autour du pot.


Si l’histoire, somme toute, se rapproche à peu près de ce que j’avais anticipé, en outre quant au retour de Stever Trevor, elle gardera quelques idées intéressantes. Notamment pour ce qui est de l’évolution du personnage de Diana. J’ai bien aimé que cette fois-ci, le sujet central du film soit la vérité, dont Diana est le parangon (et fut même la déesse à un moment). C’est une partie intégrante du personnage et même si le combat final pourra un peu décevoir dans sa résolution, j’ai trouvé que justement ça s’inscrivait plutôt bien dans l’esprit qu’a pu avoir le personnage dans certaines itérations. Et c’est donc en toute logique que le lasso prendra ici une place primordiale dans l’arsenal de Diana, que ce soit comme arme ou moyen de défense, même si les fans seront ravis de voir d’autres équipement jouer leur rôle (la tiare, le jet invisible et l’armure dorée, bien sûr).


Même si on peut regretter le passage de « perte des pouvoirs » qui rappellera Spider-man 2, c’est aussi intéressant de voir Diana profiter de sa leçon pour en apprendre de nouveaux. Bref, son évolution au cours du film sera intéressante et se rapprochera de ce qui a déjà pu être développé quant aux personnages, mais on peut reprocher qu’il manque le même impact vivace du premier film, ce côté à la fois épique et grandiose. Ici, Patty Jenkins et Geoff Johns ont tout fait pour rendre la personnage plus terre-à-terre, la démarquer de son ascendance divine. Ce qui ne fonctionne qu’en partie, parce que même si les obstacles rencontrés sur le chemin permettent à Diana d’avancer (je pense notamment à la scène de la Maison Blanche, qui est sans doute plus intéressante et pertinente que celle en Egypte), les deux aspects semblent disconnectés.


C’est un peu ce qu’on ressent aussi avec les deux autres personnages du films : Maxwell Lord et Barbara Ann Minerva. Dans les deux cas, j’ai été un peu déçu que leurs origines et/ou pouvoirs soient modifiés par rapport au matériaux originale, même si ça fonctionne au sein du film. Oui, Lord est plutôt stéréotypé dans son écriture, mais il parvient à s’ancrer dans l’intrigue et à lui donner une menace assez présente. Je reviendrai dessus plus tard, mais ce qui ressort, c’est au final le mélange entre un méchant sorti tout droit d’un film (ou même d’un comicbooks) des années 80, que ce soit dans ses motivations ou l’approche du personnage, avec des éléments qui s’ancre beaucoup trop dans des questionnements actuels (le père qui cherche à être aimé de son fils mais qui ne parvient pas lui montrer son amour). Là encore, le mélange ne prend pas vraiment, ce qui rend le personnage pas nécessairement bancal, mais cette sensation d’incomplétude.


Pour le coup, Minerva sera sans doute celle qui parviendra à jouer le mieux sur cet équilibre, même si son évolution laissera un petit goût amer, notamment sur la fin comme si on avait voulu forcer Cheetah… Mais bon, c’est en partie liées aux origines même de ses pouvoirs, rendant le tout plus bancal, là où en restant peut-être plus proche du matériau original, ils auraient pu préparer le terrain en créant la rivalité pour ensuite amener la forme finale du personnage dans le troisième opus. Il y avait mieux à faire avec la Némésis de Diana et, je le répète, je suis très déçu de comment ils ont amené l’origine de ses pouvoirs ; même si au final, l’évolution du personnage (jusqu’au dernier acte) est sans doute la plus satisfaisante des deux.


Bref, le film a pas mal de défauts, ou disons qu’ils sont plus visibles que le premier, où ils étaient dissimulés par l’effet de surprise et le personnage de Diana, l’inspiration qu’elle pouvait insuffler. Cela n’empêche pas ce second opus d’être sympa en soit, avec des scènes vraiment chouettes (le prologue des Olympiades, la scène du Mall, celle de la Maison-Blanche, la façon dont le final est amené, cette scène post-générique de fan-service total). Sa plus grande faiblesse, à mon sens, c’est d’avoir voulu sur certains points faire un film des années 80 (plus qu’un film se passant dans les années 80) tout en gardant certains éléments et dynamiques propre aux films d’action modernes, ce qui donne cette impression que parfois, ça grippe. Et puis aussi, comme je le disais, ces scènes pas forcément utiles qui alourdissent l’intrigue générale. Comme pour Shazam !, j’ai passé un bon moment, même si je n’ai pas nécessairement été emporté par le film dans son ensemble.


Le casting est dans l’ensemble à la hauteur. Chris Pine reste dans le même ton et toujours aussi attachant, même si on sent qu’ils ne savaient pas trop quoi faire de son personnage une fois l’évident compris. Robin Wright et Connie Nielsen sont toujours aussi fidèles et la jeune Lilly Aspell toujours aussi espiègle en jeune Diana. Kristen Wiig s’en sort plutôt pas mal avec son personnage et au cours de son évolution, même si là aussi, plus on s’approche du dernier acte, et moins elle sera vraiment marquante. Pedro Pascal se régale en Maxwell Lord (et avec un perruque/teinture improbable), il ne décevra pas en se plongeant complètement dans le stéréotype que son personnage est. Quant à Gal Gadot, elle sera toujours aussi rayonnante et attachante dans ce rôle. Peut-être avec moins de panache que pour le précédent, elle porte une fois de plus le film sur ses épaules pour explorer les différentes facettes de Diana.


Techniquement, je suis un peu mitigé. Dans le sens où le film est réussi, comme on pouvait s’y attendre, mais il n’est pas non plus extraordinaire. La musique de Zimmer se révèle presque trop discrète, en dehors des quelques thèmes qui reviennent ici et là (en revanche, gros coup de cœur pour la musique du final, créant ainsi un superbe parallèle avec DoJ et le monologue de Bruce au début du film). Les décors seront bien sûr très ancrés dans la période et nous y plongent comme si on y était. Les effets spéciaux sont dans l’ensemble réussis, malgré ce côté un peu cheap parfois sur certaines scènes, mais difficile de savoir si c’est un défaut ou s’ils ont été conçus justement pour avoir un rendu visuel proche d’un film des années 80, ou même de la série avec Lynda Carter. La mise en scène de Jenkins sera dans l’ensemble correcte, de même que la photographie, avec certains plans où on sent vraiment la patte année 80 (avec même une image au rendu proche de celle sur un écran à tube cathodique). Il n’en y aura peut-être pas d’aussi marquants que dans le premier film, mais les scènes gardent un visuel assez fort, même si on en revient souvent aux mêmes.


Bref, est-ce que j’ai été déçu ? Un peu, dans le sens où j’attendais un film au moins à la hauteur du premier et ce n’est pas le cas. Est-ce que le film est mauvais pour autant ? Non, parce qu’il regorge d’idées très intéressantes et son approche du personnage de Diana fait écho à certaines itérations que j’aime bien, notamment son rapport à la vérité. Certaines scènes sont vraiment cools, d’autres n’apportent pas grand-chose, ce qui au final donne un film plutôt sympathique, peut-être pas très équilibré, mais dont l’intrigue fonctionne au sein de l’univers. Difficile de dire ce qui est de Jenkins ou de Johns (qui n’a jamais été le meilleur auteur de Wonder Woman chez DC), mais ça tient la route. On verra ce que le 3ème opus nous réserve (en espérant que Greg Rucka soit de la partie !).

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le 6 juin 2021

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vive_le_ciné

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