Aïe aïe aïe. Tant d’attente pour ça ? On comprend donc naturellement la timidité de Warner à exclusivement sortir WW84 en salles tant le compromis en le rendant disponible chez HBOMax pouvait réparer les pots cassés. L’accueil est tiède par chez nous contrairement à une presse américaine qui l’encensait, non pas pour sa qualité d’après moi (je ne le crois honnêtement pas) mais plus pour son courage à sortir en salle malgré tout. Il faut dire que promettre une sortie cinéma et en même temps le diffuser sur HBO arrange tout le monde. Et j'ai l’intime conviction que cet ultime effort ait brossé dans le sens du poil la critique.
Et mon soupçon s’avère vrai. Un bon film, vraiment ? C’est du moins ce qu’avaient l’air d’annoncer les premiers échos, cependant la presse a enfin regardé la vérité en face, le film est clairement moyen. Les notes ne sont plus dithyrambiques et c’est pour le mieux, car même si j’aime le film, même si quelque part il m’a profondément touché, la pilule est amer et le constat : médiocre.

Mais qu’est ce qu’il s’est passé pour qu’on n’en arrive là ? Au vu du premier trailer, on avait un film fun, dynamique qui annonçait un très bon moment transpirant d’une veine 80’s ! Malheureusement, je vous le dit tout de suite, il n’a de 80’s que le titre et son mall de début de film. Un léger côté kitsch durant une séquence de remise en question aérienne où on assume ses responsabilités mais elle a de kitsch son allure cheap et old school made because of les vfx sont assez grossiers.
C’est triste que l’on s’aperçoit d’un film - que personnellement je ne trouve pas long pour ses 2h30 qui en ont lassé plus d’un - qui, appâté par sa gourmandise, s’empiffre et s’étale de séquences inutiles. Flagrant, je peux donc comprendre que le bordel proposé a pu rebuter.

Car oui c’est le mot, « C’est un bordel ! » comme dirait Hubert. Autant dans le scénario, par son idée et l’illustration de celle-ci, c’est toujours too much pour un minimum d’enjeu - ils sont gonflés à l’excès avec beaucoup de vides, c’est synthétique, faussement vraisemblable, artificiel - et fatalement, le film devient d’un ridicule assez navrant. Ça renvoi peut être à ce côté kitsch finalement. Bref, ça parle d’un chef d’entreprise à la ramasse qui s’octroie le pouvoir d’une pierre permettant d’exaucer n’importe quel souhait. Là où on frôle le ridicule c’est dans la cohérence de tout ce que ceci engendre : un désir monstre qui renvoie à une morale très manichéenne, naïve et infantile. Et pourtant, on dirait que cette innocence est pleinement assumé avec le côté magique de ce pouvoir quasi instantané. Mais alors... WW84 est un film de gosses ?

Bref, ce qui me dérange dans tout ça, c’est surtout l’incapacité à filmer l’action et à donner de l’impact aux chorégraphies. C’est simple même si elles sont excellentes - ce qui n’est d’elle pas le cas, mais attention elles ne sont pas mauvaises non plus hein c’est sympa ! - elles ne peuvent fonctionner correctement que si elles sont bien filmées. Et c’est là tout le problème. C’est lourd, on a l’impression d’être sous gravité zéro, que c’est à la fois trop lourd et trop léger dans les mouvements, ça n’est plus crédible. Et pour cause, les scènes qui marchent le mieux sont dans des endroits restreints, suffisamment étroits pour gommer les extravagances que l’on peut se permettre avec beaucoup d’espace. Ma scène de baston préférée est donc celle dans la Maison Blanche avec les gardes mais elle est très rapidement sabotée par des ralentis infâmes de nullité qui assènent encore de la lourdeur aux scènes d’actions déjà très rares. C’est simple, si vous rechercher de l’action dans ce film vous allez être déçus. Également la scène où Diana renonce à son vœu et qu’elle court dans la ville en plan séquence est une des meilleures scènes, pure et sans artifices.

Mais donc, je suis en train de défoncer le film et pourtant je lui ai mis la moyenne... c’est si terrible que ça ? Non, je vous rassure quelque peu.
Parce que ce joyeux bordel, je vous le dis, il est plaisant à suivre et ce même si ô combien il est médiocre.
Je m’explique, même si le scénario marche pas, il est suffisamment bien branlé pour être intéressant.
À vrai dire peut être que je surnote le film avec du recul, peut-être qu’il vaut 4 et non pas 5 je ne sais pas.
Même si c’était profondément laid, j’ai aimé le face à face avec Cheetah, son évolution et ce, même si c’était très imparfait et encore une fois une très mauvaise façon de créer du féminisme. D’ailleurs parlons-en car c’est également un très gros faux pas.
Ils en mettent partout comme si c’était une sauce à étaler sur un film pour soutenir la cause. On voit bien que les femmes sont fortes ou du moins gagnent à l’être progressivement durant le long-métrage et que tous les hommes sont des porcs qui cherchent à baiser (c’est le cas de toutes les silhouettes masculines de ce film à l’exception d’un sdf). Très mal utilisé, le féminisme devient une idéologie de la répression et non plus de l’égalité à un moment du film, je veux bien que le personnage de Barbara se venge, c’est tout à son honneur après ce qu’elle a subi mais tu ne peux pas la faire évoluer de la sorte en la rendant méchante et sanguinaire alors que l’aspiration féministe est insufflée dans ce personnage... non je ne comprend pas parce qu’autant de ce point de vue là, cette vision du féminisme paraît hystérique, enclin à la répression et non plus à l’égalité et donc totalement hors contexte et dans le faux ou soit c’est un outil de propagande anti-féministe... J’aimerais, pour le coup vraiment avoir l’avis de feministes sur ce film parce que je ne comprend honnêtement pas la trajectoire prise par le film.
Également, je n’ai rien en soit contre le fait que Diana fasse la même pose que Superman quand elle plane - parce que oui même si elle a l’air de voler, non elle plane juste et se dirige en fendant l’air et en pointant son corps dans une direction précise - mais je pense que ça n’était vraiment pas nécessaire surtout si c’est pour prétexter à l’égalité entre Superman et Diana... même si pour le coup ce serait le seul moment bien pensé du film en terme de féminisme.

Par contre, à l’instar d’un Batman de Burton, ses méchants sont au centre du récit, sous les feux de la rampe. Les stars du film sont plus Cheetah et Max Lord que Diana. Et pour le coup, quand bien même la trajectoire de Cheetah est douteuse, elle est impressionnante et le combat final témoigne de sa puissance même s’il est laid. Je n’aime que le décor. Et je suis d’ailleurs très déçu que Cheetah ne meurt pas, après avoir refusée la main tendue par Diana, qui se serait cramponnée à un fil électrique qui l’aurait électrocuté, ça aurait été plus subtil que ce que l’on nous a proposé. Cheetah est trop cheatée.
C’est évident, Barbara a une trajectoire similaire à celle de Syndrome... mais n’est pas les Indestructibles qui veut...
Cependant je salue le travail fait sur le personnage de Lord interprété brillament par Pedro Pascal, personnage rongé par la soif de pouvoir et la cupidité (qu’il transmettra indirectement à Barbara) qui ne veut après tout que prospérer pour faire bonne figure et rendre son fils fier de lui. Un personnage très touchant dont la contrepartie de son pouvoir le fera souffrir... physiquement. Un homme aussi ridicule qu’un gosse énervé parce qu’on lui refuse la hotweels qu’il convoite. Et tout ça se ressent dans son jeu. Fascinant.
Demeure simplement autour de ce personnage une incohérence de taille : pourquoi ne pas faire dire à Diana : « I wish you/Maxwell Lord will die » pour ne pas se débarrasser de la menace ? Ça aurait été plus simple et certainement moins foireux que le « pouvoir de l’amitié » même si avec un peu de volonté, on peut rendre ça crédible et dire qu’en renonçant a son pouvoir, Maxwell oblige tout le monde a renoncé à son vœu puisqu’il a l’air d’être le réceptacle de ceux-ci, si il renonce à les garder, ils sont libérés et s’évaporent, juste que l’illustration derrière est mal branlée puisqu’on induit que chaque personne renonce l’un après l’autre a son souhait, devenant niais et invraisemblable malheureusement.

Voilà, film profondément maladroit et pas très bien fait qui malheureusement, fait naufrage. Cependant le personnage de Max Lord rattrape le gros du désastre et sauve ce qu’il reste à sauver, peu de chose hélas si ce n’est un film assez divertissant qui sait être iconique dans les moments qu’il faut (fait dire que rider les éclairs au lasso n’est pas exempt de flow). Sa maladresse et sa médiocrité font que même si j’aime le film, je le prend aussi en pitié.

PS : Le vrai défi de ce film, et ils l’ont relevé avec brio, c’est d’être plus mal écrit qu’Aquaman et ses coïncidences qui tombent à pic pour que le film ne dure pas des plombes.

Mon avis... succin sur ce film : youtu.be/_SX-gBnMk0c

La bande-annonce trop cool avec Blue Monday et le son New Order : youtu.be/JGR-Q9xQ5MY

Film : 5
Feeling : ❤️❤️❤️

Smathy
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 27 déc. 2020

Critique lue 86 fois

Smathy

Écrit par

Critique lue 86 fois

D'autres avis sur Wonder Woman 1984

Wonder Woman 1984
Larrire_Cuisine
4

2020 n'aura décidément rien épargné au cinéma

DISCLAIMER : La note est une note "neutre" qui correspond à la moyenne (arrondie) de l’oeuvre au moment où on publie la critique. Seule la critique ci-dessous reflète donc notre avis. Notation : Feux...

le 28 déc. 2020

72 j'aime

2

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

67 j'aime

6

Wonder Woman 1984
B_Jérémy
7

À quoi seriez-vous prêt à renoncer pour un souhait ?

Diana, écoute-moi. J'ai eu une très belle vie. Encore plus belle grâce à toi. Mais tu sais quoi faire. Le monde a besoin de toi. D'accord ? Je n'aimerai plus jamais. J'espère bien que si...

le 15 janv. 2021

57 j'aime

63

Du même critique

Falling
Smathy
5

Il peut pas caner le vieux ?

Premier passage de Viggo Mortensen derrière la caméra et c’est une petite déception. Le fait est que le sujet est fort, que tout ce qui s’y passe est déchirant, qu’on essaye de nous installer tous...

le 21 mai 2021

6 j'aime

Les Fantasmes
Smathy
5

Des pathologies plus que des fantasmes

Les fantasmes est un film à sketch retraçant l’un après l’autre les fantasmes hors du commun d’une poignée de couple. Naturellement et avec un postulat comme celui-ci, les situations semblent...

le 21 août 2021

4 j'aime

Shiva Baby
Smathy
8

Sale temps pour Danielle !

En voilà une très belle et grande surprise ! Shiva Baby, c’est à la base un court métrage de moins de huit minutes reprenant les grandes lignes de ce film. Le résumé très simplement narre un instant...

le 5 août 2021

4 j'aime