C'est ballot, j'espérais que ce film remette un peu DC Comics sur le droit chemin pour leur univers "principal". Car si c'est le foutoir par rapport à Marvel, il y avait quand même, selon moi, de l'espoir avec ce qu'ils avaient entamé en 2013 avec Man of Steel, n'en déplaise à certains. Et malgré que cet univers étendu soit déjà quasiment mort depuis Justice League, au profit d'un mélange de plein d'histoires non corrélées (ce qui n'est pas forcément si mal, comme l'a montré "Joker"), j'appréciais les héros campés par Cavill, Affleck et Gadot, pour citer la Sainte Trinité.


(j'ai pas dit que j'aimais Justice League, hein ! Par contre je suis très enthousiaste à l'idée de voir ce que va donner la version de Snyder, et j'ai toujours espoir que ça permette un jour de poursuivre cette aventure, qui a du potentiel, mais bref on n'est pas là pour parler de ça !)


Si WW84 n'est pas un ratage complet, c'est malgré tout une petite déception pour ma part.
Après un premier opus que j'avais trouvé étonnamment réussi, bien rythmé, très bien mis en musique, ne poussant pas si maladroitement le féminisme et abordant des propos assez justement, ici on a tendance à... s'ennuyer un peu. Assez étonnant !


Le film démarre plutôt bien, pourtant, entre le retour à Themyscira et une BO qui se montre assez efficace (merci M. Zimmer). Même si elle n'est pas extraordinaire à en sauter au plafond, cette première scène semble nous promettre un métrage plein d'action et au rythmé enlevé. Bah pas du tout, haha.


Bon, il y en a quand même un peu, de l'action, mais pas autant qu'on pourrait l'espérer, certainement pas autant que dans le premier film, et surtout, pas d'une qualité extraordinaire. Ce n'est pas non plus uniquement sur ça que se base la qualité d'un film de super-héros, certes, mais ça y participe ! Ça aurait même pu ne pas être si gênant, après tout BvS a un sens du rythme assez particulier lui aussi, et je le trouve pourtant réussi. Le tout est de parvenir à proposer un déroulement suffisamment intéressant et pertinent. Et c'est à moitié raté dans WW84.


Il y a des moments sympa dans cet épisode, comme l'introduction, qui propose quelques plans intéressants (mais il y a aussi quelques vilaines incrustations...), ou encore une scène dans les nuages plutôt sympathique... J'ai plutôt apprécié le final, même si, à l'image du premier film, il est plein de niaiserie. Mais je suis bon public et souvent enclin à croire aisément à ce genre de choses, tant que la forme ou le fond me semble y être. Ce qui était donc le cas dans ce final. Il est en revanche moins tourné sur l'action, ce qui n'est pas une si mauvaise chose étant donné le côté un peu "DragonBall-esque" de la fin du film précédent.


Mais en-dehors de ces quelques scènes, il n'y a rien de mémorable, que ce soit les combats, les phases de poursuite ou autres joyeusetés. On nous plante parfois des effets visuels un peu trop voyants de façon hasardeuse, comme on sait le faire chez DC. J'ai souvent trouvé qu'ils avaient du mal à trouver le bon dosage avec le numérique, même dans les films que j'apprécie comme MoS ou BvS... Alors qu'on pourrait clairement s'en passer dans la plupart des cas et avoir un résultat bien plus clean à l'image !


Mais ici, on a vraiment droit à quelques incrustations "fond vert" super voyantes et pas très pertinentes artistiquement. Et même sans qu'elles soient toujours ultra mal faites (on a vu largement pire), franchement, en 2020, chez les grands studios, on devrait pas voir ce genre d'aberrations.
Pour le reste, ce n'est pas dégueulasse non plus, quand il y a de l'action, ça envoie pas mal, ça tabasse, il y a quelques chorégraphies sympathiques, mais c'est globalement du déjà-vu.


Pour le coup, rien n'égale la sortie dans le No Man's Land du premier film, accompagnée d'ailleurs du morceau du même nom, qui est pour moi l'une des scènes les plus iconiques qu'ait pu faire DC dans ses récentes adaptions, qui était pleine de sens scénaristiquement et symboliquement parlant. Et le numérique y était globalement utilisé à bon escient !


Pour en revenir à WW84, on pourrait le résumer à un tout début intéressant, rapidement enchaîné par un milieu (qui dure les huit dixièmes du métrage) long et un peu trop "mou", et une fin qui décolle de nouveau et semble se précipiter un peu trop, comme pour rattraper le temps perdu au milieu... Le rythme est mal maîtrisé dans son ensemble... Dommage, car les scènes prises à part ne sont pas forcément toutes à jeter, épaulées par une BO omniprésente, j'y reviens juste après.


C'est dommage aussi car je trouve au final l'histoire de base assez intéressante, prenant source dans un évènement pas forcément original mais plutôt bien traité, et avec un méchant pas tout noir ni tout blanc... Pedro Pascal, que je n'ai pas vu dans beaucoup d’œuvres, mais dont j'apprécie les rôles jusque là, est dynamique, campant le rôle de Max Lord, un homme d'affaires à la personnalité assez "farfelue", même si très caricatural par moments. J'ai malgré tout bien aimé son rôle, et ce jusqu'à sa conclusion, qui m'a pas mal touchée et permet selon moi de le sauver de la caricature complète.
Ses actions tout au long du film sont assez intéressantes à suivre, tout comme le fait de voir la façon dont elles impactent l'histoire. Même si Max Lord semble parfois prendre les choses à la légère et en faire des caisses, c'est ce qui fait sa personnalité, et il y a justement un contraste qui apparaît entre son attitude et ses actions (et leurs répercussions). Plutôt intéressant à suivre, il apporte pas mal de fraicheur à l'écran. Je n'irais pas jusqu'à dire que ça rend le film passionnant, mais ça le sauve d'un ennui total en son cœur, car c'est lui qu'on voit le plus tout au long du film.


Comme je le disais juste un peu plus haut, il y a autre chose qui permet de rendre tout ceci assez "magnétique", qui m'a personnellement accroché scène après scène : la BO. Elle est constamment en train de jouer sur l'impression que quelque chose s'effondre lentement, que l'horloge avance jusqu'à un moment crucial et inexorable. De la part de Hans Zimmer, ce n'est pas forcément surprenant, rappelant notamment Dunkerque et Dark Phoenix, deux films où la musique joue un rôle prédominant, avec des morceaux très longs et aux rythmes savamment étudiés pour jouer sur le temps. Peut-être un peu trop parfois, mais avec un sens du rythme assez efficace et des thèmes qui, finalement, marquent bien un sentiment d'urgence ou de drame en train de se jouer lentement. C'est un peu comme un "opéra" constant qui se joue en arrière-plan, ce qui laisse peu de place aux silences, mais en revanche permet de vivre une expérience musicale permanente. On appréciera ou non, moi j'ai bien aimé.


J'ai été étonné de deux choses dans la bande originale. Première, la réutilisation d'un thème déjà entendu plusieurs fois au cinéma, notamment dans Sunshine et Kick-Ass, mais habilement utilisé ici dans une scène assez jolie, venant après toute une phase assez dramatique, et habillée en hommage à un autre personnage du même univers. Deuxièmement, Hans Zimmer réutilise un thème de Batman v Superman, "A Beautiful Lie", utilisé de façon assez logique dans WW84, puisque collant à la fois à l'ambiance de la scène, mais surtout au propos qui y est déclamé. Cette scène accentue d'ailleurs l'appartenance de ce film à l'univers "Justice League".


Bref, la BO marche assez bien dans le film, même si ce n'est sans doute pas la plus mémorable du bonhomme. Je suis curieux de l'écouter à part pour voir si elle sert uniquement d'accompagnement au film ou si elle a de la pertinence toute seule.


Je reviens sur le casting rapidement, qui n'est pas mauvais, tous les personnages étant à peu près bien exploités, à une exception près. Tout d'abord, j'ai trouvé qu'on aurait pu se passer de Chris Pine, qui ne fait office que de prétexte au scénario un peu capillotracté, mais il sert assez bien le propos vis-à-vis de ce que doit traverser Diana, à l'image de l'ensemble des personnages impliqués dans l'élément déclencheur de tout ce foutoir. Chris Pine n'est pas mauvais, son personnage est appréciable, mais (spoiler du premier film)


j'aurais aimé qu'on laisse Steve là où il était resté, sa conclusion servant parfaitement bien son propos en achevant son arc narratif d'une très bonne façon, et permettant à Diana de développer une personnalité intéressante vis-à-vis du deuil.


Mais son rôle passe plutôt bien malgré tout, et j'aime bien le voir interagir avec Diana. Résulte de cette interaction une nouvelle expérience pour elle, et une évolution dans son personnage.


Diana, devant faire un choix assez drastique en renonçant à son vœu pour pouvoir sauver le monde, abandonne ainsi Steve à une mort qui n'en est pas vraiment une, le monsieur étant, comme il le dit si bien, "déjà parti".


Le propos que permet de servir le personnage de Steve est donc plutôt bien abordé et est un des quelques points positifs de ce long-métrage.


La vraie déception du casting en revanche vient pour moi dans le rôle de Kristen Wiig, dont le personnage est sous-exploité une fois que l'histoire principale se lance vraiment. On ne la voit pas assez, à part au début, et l'arc final de son personnage est expédié, sans que ce qu'on y voit ne nous impressionne plus que ça, et sans avoir l'impression d'un vrai climax. Avec tout ce teasing, c'est dommage. Au final, elle ne semble servir qu'à créer un véritable adversaire physique à Wonder Woman, car autrement ce n'est pas l'antagoniste principal qui permettra d'avoir des combats "super-héroïques". Pour ce qu'on nous a servi comme combats avec elle, je m'en serais très bien passé.


Tiens d'ailleurs, ce fameux "climax" est aussi le seul prétexte pour nous sortir une armure à la con, certes au design sympa et probablement tiré des comics, mais qui n'a pas vraiment de logique dans le scénario tel que ça nous est présenté, vu qu'à ce moment-là, Diana n'a plus le souci qu'elle avait juste avant et qui aurait justifié son utilisation. M'enfin...


Pour conclure, Wonder Woman 1984 ne se plante pas complètement. Il y a du bon, quelques morceaux de bravoure qui m'ont fait ressentir de bonnes sensations, quelques bonnes idées dans le scénario, dans ce que les personnages, bons ou méchants, doivent traverser personnellement. Le propos global est plutôt intéressant, pas forcément toujours traité en finesse, mais suffisamment pertinent pour m'avoir intéressé.
Malgré tout, je trouve cet épisode plus laborieux que le premier. Dommage, je répète ce mot souvent dans cette critique, que les bons moments de ce film soient noyés dans d'autres scènes soit bien trop banales, soit trop longues, soit sans grand intérêt, soit un mélange de tout ça. On passe quinze ans à nous exposer des trucs pour les résoudre à la va-vite, et on nous présente pas mal de scènes d'actions au visuel pas super bien fini...


L'impression générale est donc qu'on aurait pu faire mieux, en ne s'étendant pas autant sur la durée et/ou en proposant des phases un peu plus passionnantes en milieu de métrage. Reste que, malgré tout, j'ai plutôt apprécié l'expérience, le fait de retrouver le personnage de Diana dans un monde en constante évolution, de suivre le personnage de Max Lord, et que la conclusion m'a apporté une certaine vague de satisfaction, sans avoir eu l'impression d'assister à un chef d’œuvre non plus, loin de là. Disons que ce fut un divertissement honorable.


Je balance entre 6 et 7, car ce n'était pas si mauvais que ça non plus, mais pour le coup, et c'est assez rare pour le souligner, je lui attribue un 6 "à chaud", car si ma tête me dit qu'un 7 ne serait pas tout à fait volé, mon cœur me dit que le 6 est davantage mérité... A la limite, si on pouvait mettre 6.5, je serais sans doute moins tiraillé ! Mais il faut trancher, et donc je tranche vers le bas à cause de la déception.


Cet épisode à peine sorti, WW3 vient d'être annoncé. Pourquoi pas, mais il faudra faire mieux pour conclure, autrement je considèrerai que la franche réussite du premier film était simplement un coup de chance...

Yoan_Arrazat
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le 27 déc. 2020

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Yoyo la Frite

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