Intrigué par cette idée de guérilla extra-terrestre dans la ville de Los Angeles, je lançais donc innocemment Battle Los Angeles, l'air de rien. Dans l'idée, je pensais simplement voir un mauvais actioner avec Aaron Eckhart jouant un Marine raffiné au sein de ces bandes testostéronées. Cruel manque de distinction que voilà : c'était largement pire que ce que j'attendais...

Déjà, comprenez bien : si vous ne souhaitez pas vous engager dans les marines, vous pouvez déjà passer votre chemin. Le film ne met pas trop longtemps à vous avouer sa motivations premières : vous apprendre à vous, bandes d'infidèles, que les marines composent la meilleure infanterie non seulement du monde, mais de l'ESPACE ! C'est sur ce postulat qu'est focalisé le film et pas un instant il n'en changera tout au long du métrage, quitte à être d'un ridicule hallucinant. En outre, les extra-terrestres qui débarquent ne sont qu'un prétexte (histoire de ne pas taper une fois de plus sur des terroristes islamistes, ça commence à se voir) : d'ailleurs, c'est bien simple, ces extra-terrestres n'ont finalement pas grand chose d'incroyable, ils envoient aussi leurs troupes, qui se vont fatalement se faire décimer, forcément, ce ne sont pas des marines. Du coup, la mise en place du film est rapide : Boom, ça pète sur une plage, bim, les marines débarquent et c'est l'apocalypse en veux-tu en voilà. Si la première demi-heure est encore relativement potable, c'est qu'elle repose sur quelques petites idées pas horribles (les aliens qui se déplacent aisément de toit en toit, modifiant l'affrontement, le fait qu'ils soient trèèèès bien planquées derrière leurs armures de bourrin). On sent que ça pourrait être cool mais... tout dérape. Malheur, l'officier supérieur a des doutes, il ne sait donc pas ce que c'est que d'être un Marine ? Heureusement, Aaron est là pour le lui rappeler. Bon sang, cet alien persiste à vivre ? il n'a pas encore goûté au fusil d'assaut des Marines ! On commence déjà à sentir un fond un peu rance dans cette scène un peu étrange où quatre soldats dépiautent vivant un extra-terrestre (une autopsie, c'est pour les faibles, la vivisection, c'est bien mieux), histoire de voir comment ça se tue, un extra-terrestre. J'aurais tellement voulu la scène inverse, tiens. D'ailleurs, cette découverte fait office d'upgrade pour tout le monde et ces prétendus invincibles envahisseurs vont après ça se faire shooter dans un festival de violence. Finalement, le godmode, ça va un temps.

Et encore, pour ceux qui ont lu de mes critiques, ces gens-là savent qu'au fond de moi repose un être doux et aimant, qui pardonne facilement à un film d'être un brin concon. Tant qu'il joue le jeu du concon et s'assume. Mais Battle Los Angeles arrive soudainement à surprendre, d'abord par un rire franc, puis par un malaise de plus en plus grandissant, dans cette scène où Aaron "superstar" Eckhart "console" un jeu mexicain de 10 ans dont le père vient de mourir en lui demandant d'être "son petit marine" et en lui expliquant qu'il faut qu'il "soit brave, comme un marine". Tu le recrutes ou tu le réconfortes, Aaron ? Parce que si mon père s'était sacrifié pour un de tes gars et que tu m'avais tenu un tel discours, je t'avoue qu'il est probable que j'aurais chié dans ton casque. Et la scène dure longtemps, longtemps. On ne sait plus trop où veut en venir le réalisateur : si c'était nous rappeler que les marines étaient les gens les plus courageux du monde, ça, après une bonne heure à suivre des péripéties, on s'en doutait. Si c'était pour nous rappeler que les marines ont le contact difficile avec des enfants, ça aussi, on s'en doutait. Mais non. Et Aaron, finalement, va discuter avec le frère soldat d'un des hommes qui est mort sous ses ordres, commençant à lui réciter le matricule de tous les marines qu'il commandait ce jour-là, parce que OUI, MONSIEUR, UN MARINE N'OUBLIE JAMAIS SES DISPARUS. Pitié. Achevez-moi. Même Michele Rodriguez a l'air halluciné par ces discours. Et Aaron, lui, les débite avec la confiance d'un écureuil sous héroïne, les pupilles explosées et le torse bombé.

Bon, j'attendais un brin de propagande, mais aiguë à ce point, non. Là, le film semble se mettre en pause et prendre en otage son spectateur pour faire un point sur la philosophie des marines, parce que, motherfucker, eux, ce sont des vrais. Alors rejoins-les, au lieu de buller devant un film sans imagination ! Mouais, s'il s'était contenté d'être un actioner bas du front avec quelques soldats hurlant à tout bout de champs, il aurait pu avoir bien plus, mais cette scène de l'orphelin mexicain, non, désolé Liebesman, ça t'a fait perdre tous tes points.
0eil
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le 5 mars 2013

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