Les zombies rêvent-ils de moutons mort-vivants ?

World War Z n'est pas un bon film. World War Z est un film efficace. Attention, spoilers.

Le postulat de départ est somme toute correct : des excès scientifiques conduisent à la création d'un méchant virus qui décime la population et les transforme en zombies, Brad Pitt, sorti de nulle part, est envoyé sauver le monde.

Ca vous paraît classique ? Hé bien justement, le scénario est trop convenu. Même sans être absorbé par le film, on devine le dénouement de ce dernier dès la première moitié du film, et le climax à Jérusalem.

Quand je disais que Brad Pitt sortait de nulle part, ce n'était pas de la mauvaise foi. Il sort vraiment de nulle part. Amenée par une pirouette scénaristique probablement pondue par un stagiaire pas très motivé, on comprend vaguement qu'il s'agit d'un pote et collègue (ou ex, je ne sais déjà plus) au secrétaire général de l'ONU, etc.

Ce que je veux dire par là, c'est que c'est trop confus. Et parfois, ça l'est tellement que c'en est risible. Magie du cinéma américain bas du front, on veut en montrer le plus possible, en mettre plein les yeux au spectateur lambda ou, pire, au fan absolu du cinéma de zombard qui sera forcément déçu devant une telle cascade de n'importe quoi.
Pour vous donner un exemple, vers la moitié du film, le héros assiste, impuissant, à une explosion nucléaire tandis qu'il voyage en avion. Et ? Rien n'est expliqué. Le film ne dit à aucun moment pourquoi ça a explosé, même si on le devine.

Je continue mes reproches dans le même sens : tout est prétexte à de l'action, pour le meilleur et pour le pire. Souvent, ce sont des erreurs de la part des survivants humains qui déclenchent une catastrophe. Et c'est toujours ridicule. Un téléphone qui sonne alors qu'il ne faut pas faire de bruit, quelqu'un qui chante alors que les zombies sont attirés par la musique... Cela n'a absolument aucun sens et je me demande quel genre de public il faut être pour penser que ça puisse être "réaliste".

Je rebondis sur ce mot, "réaliste". Drame oblige, le spectateur est confronté à la détresse psychologique du héros et de sa famille face à la "fin du monde". Pour vous donner une idée, à l'image du reste du film, les choix du héros sont mal expliqués et il est souvent difficile de s'identifier à lui tant il reste au mieux laconique, au pire plat et fade.

Avant de finir, je reviens sur des clichés évidents qui, je l'espère, vous dissuaderons de payer une place de cinéma :

- une famille moyenne américaine dont l'un des enfants a un problème X ou Y qui handicape le déroulement du récit ou sert simplement à décrire le héros comme le père de famille moyen qui a des problèmes moyens mais qui peut faire de grandes choses, devenir un héros. J'exagère à peine. (coucou, la Guerre des Mondes).
- du placement de produit tellement immonde que je me suis immédiatement promis de ne plus jamais acheter de Pepsi (certes, il faut bien financer le film).
- La rencontre avec un personnage tiers qui aidera le héros à évoluer, d'une manière ou d'une autre. Un personnage qui disparaît comme il est apparu, n'apportant au final par grand chose et dont j'ai même pas retenu le nom.
- Boum, taktaktak, beuhaaarg (sic.)
- Des militaires décisionnaires, un état américain décapité. (coucou 2012).
- Probablement une master class de Michael Bay : la caméra bouge tellement dans tous les sens qu'au final on ne sait même plus qui fait quoi et qui est quoi dans l'action.
- Le sempiternel sacrifice (semi-sacrifice ici) du héros qui, décidément, a la tête froide alors que trente minutes plus tôt, il n'était quand même pas très chaud pour aller se fritter.
- Un américanocentrisme (oui, ce mot existe ! pour dire) poussé à l'extrême, les résistants sont apparemment tous américains, celui qui trouve la solution est américain, le drapeau américain flotte au vent quand l'espoir jailli, bref.
- Le même morceau de musique qui revient à chaque changement de scène (musique britannique et non américaine, cependant).

A cet instant, je sais ce que vous pensez. Ce que je viens de décrire, pour vous, colle grosso-modo à la description de n'importe quel film d'action/drame moyen sorti ces dix ou vingt dernières années.

Et c'est justement ce que j'ai apprécié dans ce film. Les lacunes sont tellement énormes, les éléments perturbateurs sont tellement classiques que ce n'est même plus du fil blanc qui coud l'intrigue, mais des lianes roses.
Le tout est parfois jouissif. On ne s'attend à rien, l'action fait boum, la mise en scène est spectaculaire, le happy ending fait vibrer les coeurs, et caetera. Pour pousser le bouchon, j'ajouterais même que le final, s'il est prévisible, reste relativement original, presque bien trouvé.
Et les zombies, au coeur du film (et dont j'ai presque pas parlé), sont assez jouissifs à regarder sauter et courir dans tous les sens. Ils sont relativement originaux, bruts de décoffrage et décérébrés. En soit, ils représentent la seule touche vraiment réussie du film.
Xerampelinae
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le 18 juil. 2013

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Xerampelinae

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